Internet des Objets (03) : Sigfox, une invention française

Parti le premier, le français Sigfox est en avance sur LoRa en déploiement et en termes de partenariats. Le début d'une belle aventure à suivre...

Sigfox est à la fois le nom d’une entreprise et d’un réseau de communication très bas débit. Sigfox, dont le siège est à Labège (31), près de Toulouse, a été créé en 2009 par Ludovic Le Moan et Christophe Fourtet, pour développer un opérateur télécom de l’internet des Objets ou IoT (Internet of Things).

 

Fin juillet 2016, son réseau couvre déjà la France et une bonne partie d’une vingtaine de pays dans le monde. Le but est de couvrir la totalité de l’Europe et des Etats-Unis en 2020.

 

Sigfox a développé une solution de communication radio UNB (Ultra-Narrow Band) qui utilise des fréquences inférieures à 1 GHz, disponibles partout dans le monde sans licence : 868 MHz en France et au Proche-Orient, 902 MHz en Amérique du Nord et 920 MHz en Amérique du Sud, en Australie et en Nouvelle Zélande. Engie et Air Liquide, ainsi que SK Telecom et Telefónica ont participé à sa quatrième levée de fonds en 2015, pour un total de 100 millions d’Euros.

 

Très faible consommation d’électricité

 

Comme LoRa, la technologie de communication Sigfox est particulièrement économe en énergie. La technologie bi-directionnelle Sigfox fonctionne à très bas débit et sur de longues portées, envoie et réceptionne des messages de 12 octets.

 

En France, Sigfox développe son propre réseau, couvre déjà près de 95% de la population avec environ 1700 antennes déployées. Sigfox propose des forfaits de connectivité dont le coût est inférieur à 1 € HT par objet connecté et par an. SFR utilise Sigfox pour développer ses offres IoT.

 

Côté puces électronique, Sigfox, pour faciliter le développement de sa technologie, met le design de ses puces gratuitement à disposition des fondeurs (fabricants de microprocesseurs) et des fabricants de modules de communication. Atmel, ON Semidonductor, Texas Instruments, Atim, Nemeus, Adeunis, Silicon Labs, TD Next, Radiocrafts et d’autres produisent les transceivers et les modules.

 

Sécurité des messages

 

Concrètement, un objet équipé d’une communication Sigfox envoie un message vers une station réceptrice. L’objet communicant décide seul quand il doit envoyer son message. Le réseau se charge de détecter le message, de le valider, éventuellement de supprimer ses duplicatas s’il a été envoyé plusieurs fois.

 

Puis de le rendre disponible dans le Cloud Sigfox qui le pousse ensuite vers le Cloud qui abrite l’application retenue par le propriétaire de l’objet. Chaque message est signé par les informations propres à l’objet qui l’envoie, dont son numéro d’identification unique, et par des informations propres au message lui-même.

 

Ce qui établit une sécurité de transmission élevée. Le propriétaire de l’objet peut mettre en œuvre un codage/décodage supplémentaire s’il le souhaite.

 

Tout passe par le Cloud

 

Sigfox assure donc la transmission des messages de son Cloud vers celui du client, mais ne s’intéresse pas au processus métier de l’application. Certains clients le font eux-mêmes, d’autres s’adressent à des intermédiaires spécialisés.

 

Par exemple, elm leblanc et Bosch Thermotechnologie ont annoncé qu’ils utiliseraient la technologie SigFox pour raccorder environ 100 000 chaudières en France à partir de septembre 2016. Elm leblanc n’est pas un nouveau venu dans la chaudière connectée.

 

L’entreprise disposait déjà d’une solution GSM (carte SIM et abonnement spécifique), mais à l’usage, la considérait comme trop coûteuse pour ses applications. La technologie Sigfox va router le cloud elm leblanc/Bosch une grande quantité d’informations sur chacune des chaudières raccordées.

 

Un test pour le groupe Bosch

 

Ce vaste trésor de données ne vaut rien, sans des applications pour les analyser et en tirer des recommandations d’action de maintenance ou, encore mieux, de maintenance préventive. L’idée est de prédire les pannes avant qu’elles se déclenchent et d’intervenir de manière préventive pour les éviter.

 

Cette première expérience en France est un test pour le reste du groupe Bosch. D’autres filiales, en chauffage et hors du chauffage, à travers toute l’Europe pourraient aussi s’intéresser à Sigfox par la suite.

 

Relever les compteurs

 

L’application par excellence des objets connectés dans le bâtiment est la relève des compteurs à distance. En France, Sogedo, le quatrième distributeur d’eau dans notre pays, avec des concessions plutôt dans le sud et en Savoie et environ 250 000 abonnés, a annoncé en novembre 2015, sa collaboration avec Sigfox et deux spécialistes : Connit (spécialiste de l’IoT) et Smarteo Water (compteurs intelligents).

 

Il s’agit à la fois de relever les compteurs d’eau, mais surtout de collecte de données en temps réel pour améliorer le fonctionnement des ouvrages et la performance opérationnelle des réseaux d’eau potable et d’assainissement. Ce service s’adresse aussi bien aux usagers pour la télé-relève et la facturation, qu’aux collectivités territoriales et exploitants de réseaux de distribution d’eau.

 

En sectorisant les réseaux grâce à la pose de compteurs segment par segment, et en comparant leurs valeurs avec la somme des consommations des compteurs des clients sur chaque segment, il devient possible de détecter les fuites sur le réseau et de préparer précisément les interventions. Le déploiement de cette solution a commencé dans le Pays de Gex (département de l’Ain).

 

Dans le bâtiment, l’IoT est utile

 

Bref, dans le bâtiment, l’IoT ou les objets connectés à internet sont peut-être moins drôles qu’une montre ou une brosse à dent connectées, mais leurs applications sont sûrement plus utiles. Dans nos trois premiers articles sur l’IoT, nous avons décrit les réseaux de communication.

 

Il nous reste à décrire la solution de communication de QOWISIO. Ensuite, nous poursuivons nos investigations quant aux réalisations IoT dans le bâtiment. Les prochains articles porteront sur l’expérience d’Objenious, une filiale de Bouygues Telecom spécialisée dans l’internet des objets, celles de M2City, d’Actility, d’Orange et de SFR Numéricable. Il est d’ailleurs tout à fait possible que nous découvrions au passage d’autres acteurs de l’IoT dans le bâtiment.

© Otio Labs


Source : batirama.com / Pascal Poggi

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