Eolien : les acteurs français sur tous les fronts

La croissance du parc éolien français a retrouvé de l?allant depuis 2014. Une dynamique qui se poursuivra, grâce à de nouvelles mesures et le rendement accru des éoliennes.

Les experts de Xerfi* prévoient que la puissance éolienne terrestre française dépassera les 14 GW en 2018, contre 10,4 GW en 2015. Et cette tendance devrait se confirmer d’ici 2020 pour atteindre 17 GW, sous l’effet d’un nouveau mécanisme de soutien à la filière basé sur la vente directe de l’électricité sur le marché libre, associé à une prime complémentaire.

 

Les industriels français sont bien décidés à ne pas laisser leur part du gâteau aux grands groupes étrangers dans l’Hexagone. Ainsi, Poma prévoit la fabrication de 10 à 20 éoliennes par an à partir de 2017 sur le territoire national.

 

Les fabricants de composants s’activent également pour rester dans la course. Soutenue par le gouvernement, l’initiative Windustry vise ainsi à atteindre 50% de composants français dans les éoliennes installées en France, contre environ 25% actuellement.

 

Fin des tarifs d’achats

 

La montée en puissance des acteurs de l’éolien sera renforcée par la fin des tarifs d’achats qui se profile à l’horizon 2018-2019. Le passage à la vente directe ne devrait pas poser de problème aux grands énergéticiens comme Engie ou EDF Energies Nouvelles (EN).

 

En revanche, pour les exploitants de moindre envergure, l’approche de cette échéance accélérera la course à la taille critique. En clair, la mise en place de ce nouveau mécanisme de soutien donnera un sérieux coup de fouet aux rachats et aux alliances.

 

Cette consolidation du marché français s’accompagnera d’un déploiement des opérateurs à l’international. Cela permettra un positionnement sur des parcs de grande taille offrant des conditions de vent avantageuses.

 

L’éolien offshore prend son essor en France

 

Cette stratégie n’est pas seulement à la portée de grands acteurs comme EDF EN, qui vient d’annoncer son implantation sur le marché indien. Des opérateurs français de taille plus modeste se sont également montrés très offensifs à l’étranger en 2015, comme Quadran en Pologne et Neoen en Australie.

 

Le segment de l’offshore va enfin prendre son essor en France. L’installation des premières éoliennes au large des côtes françaises devrait ainsi débuter en 2018 pour donner naissance à une véritable filière industrielle dans le pays, créatrice de plus de 8 000 emplois.

 

D’importants investissements dynamiseront l’émergence de cette filière, à l’image des constructeurs Alstom et Adwen (coentreprise d’Areva et de Gamesa) qui prévoient la construction de nouvelles usines à Cherbourg et au Havre.

 

Avenir incertain au début des années 2020

 

L’installation de 425 éoliennes offshore (d’une puissance totale de 2,9 GW), répartis en 6 parcs attribués lors des appels d’offre de 2012et 2014, devrait s’achever en 2023.

 

Au-delà du début des années 2020 en revanche, les perspectives restent très incertaines. Si une étape importante a été franchie avec le feu vert donné à la construction de trois premiers parcs en janvier 2016, certains projets déjà engagés pourraient finalement ne pas voir le jour.

 

Et le gouvernement a revu ses ambitions à la baisse dans ce domaine. Le troisième appel d’offre ne sera pas lancé avant fin 2017 et son ampleur risque d’être limitée. Au final, l’objectif désormais affiché d’une puissance éolienne offshore installée de 6 GW au maximum à l’horizon 2030 correspond à l’ambition initialement fixée pour 2020.

 

Des prix encore élevés

 

Les prix élevés expliquent notamment la frilosité du gouvernement dans ce domaine. Ainsi, le tarif garanti prévu pour 2025 devrait être deux fois plus élevé que le tarif actuel d’obligation d’achat pour l’éolien terrestre.

 

L’avenir de l’industrie française de l’éolien offshore dépendra donc très rapidement de la conquête d’important marchés à l’international.

 

A plus long terme, l’éolien offshore flottant constituera une bonne perspective de développement pour la filière. Les acteurs français se sont d’ores et déjà positionnés sur ce segment, notamment avec Quadran et Idéol, qui prévoient l’implantation d’une ferme pilote de 50 MW pour 2017-2018.

 

Maintenance : un marché à considérer

 

Les opérateurs peuvent en outre miser sur l’exploitation d’autres énergies renouvelables, à l’image de Res et de Quadran positionnés à la fois dans l’éolien et dans le photovoltaïque.

 

Sans oublier la montée en puissance de nouveaux modes de financement comme le crowdfunding qui stimulera certainement la croissance des exploitants. Certains acteurs français de l’éolien lorgnent également le marché de la maintenance.

 

Estimée entre 260 et 500 millions d’euros fin 2015, cette manne est aujourd’hui essentiellement captée par les constructeurs, mais des exploitants, comme EDF EN, sont de plus en plus présents sur ce marché.

 

Enfin, le marché du repowering, qui consiste à remplacer les anciennes éoliennes par de nouvelles, devrait prendre de l’ampleur à moyen terme à la faveur du vieillissement du parc français.

 

 

*Xerfi vient de publier une étude sous le titre : « Le marché français de l’éolien à l’horizon 2020 - Évolution du marché et du jeu concurrentiel dans la filière, analyse du business model et des performances financières des gestionnaires de parcs »



Source : batirama.com

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