Light+Building 2016 (8) : l’ingéniosité des petits français

Quatre entreprises françaises de taille relativement modeste, proposent des solutions très innovantes pour le logement et pour le tertiaire.

Light+Building 2016 s’est conclu vendredi 18 mars. Il reste plusieurs sujets à explorer, grâce à la moisson d’informations récoltée durant le salon. Aujourd’hui, voici un focus sur les offres des petites entreprises françaises en GTB et en domotique. Nous en avons retenu quatre.

 

Les deux premières proposent plutôt des solutions pour le tertiaire : Newron Systems, achetée par le géant européen ABB, et Occitaline, tout récemment créée par l’un des fondateurs de Newron Systems. Les deux autres visent davantage le marché du logement. Il s’agit de Decelect et de Proserver.

 

Newron System et ses outils multiprotocoles

 

Créé en 1993, Newron System est le pionnier des logiciels de configuration graphiques en GTB. Ses outils travaillent au-dessus de la plupoart des protocoles de GTB ouverts : LonWorks, KNX, BACNet, Modbus, OPC, oBIX, etc.

 

Depuis quelques années, l’entreprise propose une prestation complète autour des réseaux de GTB : logiciel de gestion et de configuration, infrastructure physique de réseau, formation et expertise.

 

La généralisation des installations où coexistent de multiples protocoles de communication les a poussés à développer doMoov, un système d’exploitation des réseaux GTB, indépendant, mais compatible avec tous les protocoles ouverts.

 

 

  1. Newron System montrait plusieurs choses à Light+Building, dont ses outils de configuration multiprotocoles fonctionnant avec tous les standards ouverts en GTB : LonWorks, BACNet, KNX, etc. © PP

 

doMoov et doGate

 

L’étape suivante a consisté à développer doGate, un serveur d’automation sur IP. Il assure la totalité des fonctions d’une GTB : acquisition de données venant de n’importe quel automate de n’importe quel fabricant pour peu qu’il utilise l’un des protocoles ouverts connus en GTB.

 

Autres fonctions traitées : l’alarme, la programmation avec plages horaires, l’archivage, les scripts automatiques déclenchés par des évènements, passerelle entre différents protocoles, etc.

 

Il envoie toute ces données vers les logiciels de supervision à travers des serveurs embarqués BACNet, OPC ou oBIX. Il ne restait plus qu’une grosse pierre manquant à l’édifice : une supervision.

 

 

  1. doControl de Newron System reprend la conception graphique qui a fait le succès des outils Newron. Il accepte toutes sortes de formats graphiques pour les fonds de plan et les transforme en représentations intelligentes. On peut déplacer les cloisons, les effacer pour créer un open space, etc.

 

doControl, une supervision à 5000 €

 

Sur le stand d’ABB à Light+Building 2016, Newron System a dévoilé doControl, un nouveau logiciel de supervision issu d’une approche différente. Les supervisions sont traditionnellement des outils sur-mesure, ajustés à grand frais exactement en fonction des besoins d’exploitation d’un bâtiment particulier.

 

Du coup, les petits bâtiments tertiaires, jusqu’à 6000 m², n’ont souvent pas de supervision parce que le coût n’est pas justifiable.

 

doControl de Newron System est une standardisation de la supervision pour 2 000 points, c’est-à-dire pour des bâtiments de 3000 à 6000 m². Comme c’est un produit standardisé, mais paramétrable, son coût n’est que de 5000 € HT et il est conçu pour automatiser les tâches de constitution de la supervision

 

 

  1. doControl propose toute une bibliothèque de représentations graphiques génériques des équipements, comme cette CTA. Il est également possible d’en dessiner de nouvelles.

 

100% Web

 

C’est un logiciel 100%, préchargé dans la doGate. Il suffit d’acheter une clé pour l’activer. Normalement, l’installation d’une supervision est complexe. L’intégrateur commence par configurer son réseau à l’aide d’outils logiciels d’installation et fabrique ainsi une base de données du réseau.

 

Ensuite, il exporte cette base de données dans le format compatible avec la supervision choisie et, dans la supervision, recrée tous les liens fonctionnels entre les appareils présents sur le réseau pour fabriquer une nouvelle base de données de l’installation dans la supervision.

 

Ce qui, d’une part, impose de faire deux fois le travail, et d’autre part, rompt tout lien logique entre la base de données de la supervision et celle des outils du réseau. Si bien que lorsque le réseau est reconfiguré, par exemple quand quatre bureaux sont transformés en open space, il faut ré-exporter la nouvelle base de données réseau vers la supervision, recréer les liens, etc.

 

 

  1. doControl propose une analyse des données de consommation d’énergie exprimée soit en énergie finale, soit en énergie primaire et fournit une indication du niveau du CEP. © Newron System

 

Automatiser les tâches

 

Fort de son expertise dans les outils de configuration, Newron System a mis au point une nouvelle manière de travailler.

 

Leur outil d’installation paramètre le réseau et, en même temps, construit au fur et à mesure la base de données de la supervision, charge le moteur d’automation dans doGate et crée la visualisation en html, c’est-à-dire les écrans graphiques qui permettront d’utiliser la supervision dans n’importe quel navigateur internet.

 

doControl fonctionne aussi bien à l’installation que lors de modifications du réseau. De plus, les écrans de la supervision doControl sont conçus pour croiser les données des automates.

 

Oxtopus, la petite grande révolution

 

Pendant que Newron System innove dans les outils logiciels pour la GTB et la supervision, Daniel Zotti, l’un des fondateurs de Newron, a quitté l’entreprise pour créer Occitaline.

 

Cette nouvelle entreprise se consacre au développement de produits d’infrastructure du bâtiment, autrement dit de routeurs pour les réseaux LonWorks et Modbus, dans un premier temps.

 

Ses solutions sont donc destinées aux grands bâtiments tertiaires. Oxtopus, le premier produit est à la fois un routeur LonWorks et un routeur Modbus. Il possède 4 ports à répartir entre TP/FT-10 et RS-485, 2 port Ethernet et une fonction WiFi activable.

 

 

  1. L’offre d’Occitaline est concentrée sur les routeurs d’infrastructure de réseau : LonWorks et Modbus en aval, Ethernet en amont. © PP

 

Outil de diagnostic embarqué

 

Oxtopus a été développé en tenant compte de 20 ans d’expertise de réseaux réalisés par Daniel Zotti. Par exemple, une LED sur la face avant affiche un diagnostic d’état et d’impédance de chaque port.

 

L’ensemble des statistiques est stocké dans l’appareil qui comporte un serveur web embarqué. Tout est donc visible dans un simple navigateur internet : représentation du trafic en temps réel, données brutes, utilisation de la bande passante, mesure d’impédance de la ligne en permanence et sur chaque port Lon et Modbus pour vérifier le bon fonctionnement électrique, etc.

 

 

  1. Le routeur Oxtopus comporte deux ports Ethernet en façade, 4 ports à répartir entre LonWorks et Modbus et, surtout, les terminaisons de réseaux. Elles sont nécessaires au bon fonctionnement d’un réseau Lon et Modbus, mais très souvent oubliées par les installateurs. © PP

 

WiFi activable

 

La mise en route de la fonction WiFi du routeur permet de trouver facilement son adresse IP. Cela permet aussi de connecter un PC pour accéder à la base de données de l’installation.

 

Le WiFi sert de point d’accès vers les données et le diagnostic du routeur. Il peut aussi connecter les routeurs les uns aux autres. L’un des routeurs de l’installation est configuré en point d’accès, les autres l’utilisent pour avoir accès au réseau.

 

La présence de deux ports Ethernet en face avant et d’un switch interne permet de configurer les routeurs : à la chaîne ou raccordés à un ordinateur. Après ces deux grands spécialistes du tertiaire, voici deux entreprises plutôt tournées vers le logement, dont Decelect.

 

 

  1. Outre Oxtopus, Occitaline a développé Ox-Core en OEM pour les fabricants de GTB. Ox-Core est capable de recevoir BACNet, KNX, LonWorks, DALI, Mbus, etc. © PP

 

Decelect travaille pour les autres

 

Créé en 1968, Decelect est devenu l’un des spécialistes OEM reconnu du e.s.v.d.i : énergie, sécurité, voix, données, images. Son offre couvre les courants forts et faibles. Elle va des équipements pour Data Centers aux coffrets, connecteurs, câbles et fibres optique pour le logement.

 

Il s’est appuyé sur le protocole de communication enOcean sans pile, sans fil (récolte d’énergie) pour présenter à Light+Building 2016 une solution pour le logement qui s’adresse soit à d’autres entreprises désireuses de lancer une offre domotique, soit aux installateurs professionnels.

 

 

  1. Decelect a travaillé avec Overkiz pour développer une box modulaire montée sur rail DIN. Le module de gauche assure la communication vers un réseau Ethernet sur cuivre ou fibre optique, ainsi que le traitement des données. Les modules additionnels à droite prennent chacun en charge un protocole différent, avec un maximum de 5 protocoles par Box. © PP

 

Collaboration entre Decelect et Overkiz

 

Baptisée “Hattara DIN Rail”, cette offre est présentée par Decelect sous la marque DeceHome. Elle résulte d’un partenariat entre Decelect et Overkiz. Le design a été réalisé par Decelect. Overkiz fournit l’électronique.

 

Installé à Metz, Overkiz appartient au groupe Somfy. Overkiz propose aux marques d’appareils de toutes sortes – depuis les climatiseurs jusqu’aux chaudières – de concevoir, de déployer, d’exploiter et d'assurer la maintenance de leurs offres connectées. Overkiz travaille notamment avec Somfy, De Dietrich, Hitachi, Brötje Heizung, Remeha, etc.

 

 

  1. Voici la box montée sur rail DIN : raccordement Ethernet à gauche, un seul module additonnel à droite pour prendre en charge le protocole radio sans fil, sans pile enOcean. © Decelect

 

Une box modulaire

 

Cette nouvelle offre Hattara DIN Rail est une box modulaire montée sur rail DIN, directement au tableau électrique du logement.

 

Elle se compose d’une minibox connectée à internet par câble Ethernet, capable d’un raccordement FttH (Fiber to the Home) pour la fibre optique, et de boîtiers d’extension, un par protocole de communication spécifique : enOcean, Somfy, io home control, KNX, Opentherm…

 

Grâce à l’expérience d’Overkiz, pratiquement tous les protocoles domotiques sont accessibles. Mais la box en accepte un maximum de 5 simultanément, pour l’instant. Cinq protocoles, cela se traduit tout de même par plusieurs centaines d’appareils connectés.

 

 

  1. La box DeceHome s’installe au tableau. Grâce à la richesse de l’univers enOcean, elle peut piloter pratiquement tout type d’équipement dans le logement, depuis l’éclairage jusqu’à la climatisation. © Decelect

 

L’écosystème enOcean

 

Cette box s’appuie en aval sur l’écosystème enOcean qui permet à Decelect de proposer toute sortes d’actionneurs sans fil-sans pile : prise électrique pilotée incluant un comptage et un report à distance des consommations d’électricité, sonde de température, d’humidité ambiantes et de qualité de l’air (COV et CO2), interrupteurs, vannes thermostatiques pour radiateurs, détecteurs de mouvements, contacts d’ouverture de porte et de fenêtre, éclairage, etc.

 

La box est capable de piloter n’importe quel appareil respectant les profils enOcean. Comme il existe des centaines d’appareils enOcean, les possibilités d’extension d’une installation sont importantes.

 

 

  1. Overkiz, le partenaire de Decelect, a développé un savoir-faire particulier. Il a développé des drivers spécifiques pour la plupart des protocoles domotiques ouverts. Il offre en plus une connexion vers la box internet du logement, une application sur smartphone ou tablette qui permet de tout piloter en passant par le réseau WXiFi du logement ou par le Cloud. © Decelect

 

Des services en plus

 

La box est naturellement liée en WiFi à une App sur Android et sur iOS. L’App permet le pilotage des équipements enOcean. Si le client utilise l’infrastructure Cloud de Overkiz et les services qui l’accompagnent, il a en plus accès au suivi et à l’analyse de sa consommation d’énergie…

 

Les clients de Decelect / Overkiz peuvent aussi développer leurs propres Applications en utilisant les API (Application Programming Interface ou interface de programmation) d’Overkiz. Ils sont donc en mesure de proposer leurs propres services, y compris professionnels.

 

Un fabricant de chaudière avec un interface Opentherm peut, par exemple, développer des solutions de diagnostique à distance pour les installateurs chargés du SAV. Le couple Decelect / Overkiz et tout ce qu’ils sont capables de proposer ensemble est l’une des grandes découvertes de ce salon Light+Building 2016.

 

 

  1. Voici la nouvelle interface KNX selon BleuComm’Azur. Il suffit de pointer la caméra d’un smartphone (Android ou iOS) possédant l’application ProServer pour faire apparaître des boutons de pilotage de l’appareil visé. © PP

 

Réalité augmentée sur KNX

 

L’autre est la réalité augmentée, proposée au-dessus de KNX par ProKNX, une marque du français BleuComm’Azur. Son offre principale à Light+Building 2016 était le package REAL KNX (1250 € HT). Il rassemble le matériel et les logiciels nécessaires pour enrichir une installation KNX par de la réalité augmentée.

 

Autrement dit, il devient possible de tout savoir sur son installation KNX et de la piloter, simplement grâce à une application et à la caméra d’un smartphone ou d’une tablette sous Android ou iOS. Pointer la caméra vers une lampe fait apparaître à l’écran, les boutons pour allumer, éteindre, varier la lumière, changer sa couleur si la lampe le permet, etc.

 

 

  1. Les applications sont différentes pour l’utilisateur final et pour l’installateur. Celui-ci voit les paramètres d’installation et de fonctionnement du réseau KNX, plutôt que les boutons de pilotage des appareils. © PP

 

ProServ et RealKNX

 

Pointer vers une fenêtre appelle à l’écran les boutons pour ouvrir ou fermer les volets roulants. Pointer vers un haut-parleur affiche directement le nom du morceau que l’on entend et une règle à glissière pour varier le son…

 

Le matériel nécessaire consiste en deux appareils différents : ProServ et le serveur realKNX. ProServ est un serveur d’objets KNX. Son interface graphique se configure à l’aide d’ETS3 ou d’ETS4, bientôt d’ETS5.5. Il sert à configurer l’installation KNX initiale à partir d’ETS, grâce à sa prise RJ45 en façade et son interface KNXnet/IP tunnel. Il autorise la connexion simultanée de 10 smartphones ou tablettes Android ou iOS. Des profils d’utilisateur – occupant, installateur, etc. – peuvent être définis et stockés dans l’appareil.

 

 

  1. Le pilotage et la configuration du réseau KNX sont réalisés par ETS à travers le ProServer, serveur d’objet KNX. ProServer abrite aussi la base de données du réseau. © PP

 

Piloter la musique

 

ProServ pilote l’éclairage, les stores, les scénarios, le chauffage, la climatisation, la ventilation, les changements de consigne de température ou des régulateurs.

 

Pour les installateurs, il permet la vérification de toutes les valeurs disponibles sur le bus KNX : consommations d’énergie, paramètres du bus, vitesse du vent, luminosité, pluie, etc. ProServ sert aussi à l’intégration des fonctions KNX aux systèmes musique et vidéo RTI, bitwise controls ou Sonos. Le serveur realKNX, pour sa part, sert à configurer la reconnaissance d’image.

 

 

  1. Pour un pilotage complet d’un réseau KNX par caméra d’un smartphone, il faut les deux serveurs ProServ qui prend en charge le réseau KNX et realKNX qui se charge de la traduction entre les images et les instructions KNX, ainsi que des logiciels qui sont embarqués sur ces deux serveurs. © PP

 

Reconnaissance d’image

 

Il se connecte à l’installation KNX via ProServ et se configure sur une page http. L’application realKNX Designer s’ouvre dans un navigateur internet. Les photos sont téléchargées, affectées à chaque appareil KNX devant être contrôlé.

 

Les données graphiques sont stockées localement sur le serveur realKNX. Les application KNXKnix pour iOS et Android APK sont gratuites et librement téléchargeables. realKNX et ses deux App créent des interfaces de pilotages totalement intuitives, simplement grâce à l’appareil photo d’un smartphone ou d’une tablette.

 

Notre prochain article portera sur les dernières nouvelles du front ZigBee et sur de nouveaux protocoles de communication radio destinés à la domotique que nous avons découvert à Light+Building 2016.

 

 

Source : batirama.com / Pascal Poggi

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