Réhabilitation et produits biosourcés : un label au bois dormant ?

L?Institut technologique FCBA et l?interprofession bois francilienne, Francîlbois, ont exploré les voies de la réhabilitation à l?aide de matériaux biosourcés.

Malgré un prix du pétrole actuellement très bas, la réhabilitation énergétique de millions de bâtiments s’impose afin de diminuer sensiblement leur empreinte carbone sur le plan de l’usage.

 

L’idée d’y parvenir si possible au moyen de matériaux biosourcés fait son chemin, car l’impact en matière de lutte contre l’effet de serre peut s’en trouver démultiplié.

 

Labels au bois dormant

 

 

  1. Table ronde, de g. à dr. : Olivier Jadot (ASIV), Nicolas Douzain-Didier (FNB), Gilles Liautard (EPA Sénart), Laurie Espinosa (Groupe ICF Habitat). © JT

 

Dans le cadre de son Pass’ Filière, l’interprofession Francîlbois s’est engagée à entreprendre un certain nombre d’actions, dont l’organisation d’un colloque national, qui a été co-délégué à l’Institut FCBA.

 

Patrick Molinié, le maître d’œuvre, s’est orienté vers une thématique chère au ministère du développement durable, hôte du colloque dans sa tour Séquoia du quartier de La Défense.

 

En effet, n’est-ce pas la DHUP, la direction de l’habitat, de l’urbanisme et des paysages, qui avait créé au forceps le label biosourcé promis à la filière bois dans le cadre de la revalorisation institutionnelle de cette filière ?

 

Un label encore peu répandu mais brigué par quelques opérations-phare comme les nouveaux logements sociaux tout bois sur six niveaux à Montreuil par A003 pour Osica (livraison prévue à la mi-avril), ou la prochaine tour de 50 m en bois à Bordeaux Euratlantique.

 

Plus si affinités

 

 

  1. Le colloque national a accueilli plus de 120 participants. © FCBA

 

La rencontre a fait émerger le constat que les incitations actuelles visant le recours aux matériaux biosourcés profitent généralement au bois plutôt qu’aux autres matériaux biosourcés.

 

D’entrée de jeu, Isabelle Quet Hamon, Responsable habitat durable du Pôle maîtrise d’ouvrage de Paris Habitat a évoqué le cas d’un chantier en cours à Paris intra muros, associant bois et paille, et où le bureau de contrôle a imposé la réalisation d’une Atex coûteuse qui retarde le chantier.

 

Quant à l’association de bois et de matériaux biosourcés, notamment isolants, dans des opérations de rénovation énergétique, ce n’est pas par hasard si le seul chantier de référence de la matinée se rapportait à des logements individuels groupés dans le Loir-et-Cher.

 

Le chantier Osica de Montreuil avait le défaut, dans la perspective d’une présentation à ce colloque, d’associer du bois à de la fibre … de bois. En zone urbaine, des solutions existent, et même des avis techniques, comme l’a rappelé le représentant de l’Association Syndicale des Industries de l’Isolation Végétale (Asiv). Il faudra encore d’autres colloques pour faire avancer leur banalisation.

 




Trois Questions à Patrick Molinié,


Responsable Développement Construction, FCBA

 

 

  1. Patrick Molinié. ©FCBA

 

Pourquoi ce colloque national ?


Patrick Molinié : En mars 2015, FCBA a organisé avec l’aide de la DHUP et de l’Ademe un colloque national sur l’utilisation du bois dans les logements sociaux. La rencontre a été un succès et l’idée a émergé de créer une nouvelle rencontre nationale sur un nouveau sujet. Pour la DHUP, le thème de la rénovation était naturel car elle travaille conjointement avec la filière bois sur ce sujet depuis trois ans dans le cadre du programme Arbre (Aménager, Rénover avec le Bois pour la REhabilitation).

Et le biosourcé ?


Il se trouve que la DHUP a lancé parallèlement, en 2009, un plan Bois et un Plan biosourcé, plan sur lequel, à ce jour, la DHUP n’avait encore jamais communiqué à cette échelle. Le Plan bois a bien fonctionné, la DHUP s’est trouvé en face d’une structure solide, avec FCBA comme centre technique, France Bois Forêt et le Codifab pour les financements. Pour la filière biosourcée, c’était plus difficile : pas de centre technique sinon le projet Construction&Bioressources qui a fait long feu, un financement éclaté, pas de contribution volontaire obligatoire ou de taxe affectée, pas d’organisme collecteur.

Qui va soutenir la structuration du marché des matériaux biosourcés ?


Les contrats professionnels qui lient FCBA portent en priorité sur le bois. Ce qui n’empêche pas l’Institut, parfaitement équipé et compétent pour cela, de répondre à des demandes privées. La scop Karibati, présente au colloque, a pris le relai de Construction&Bioressources pour contribuer à structurer cette filière émergente, de concert avec FCBA, le Cerib très compétent sur le béton de chanvre, et le CSTB.

 

 

Source : batirama.com / Jonas Tophoven

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