Les perspectives du marché du confort thermique en 2016 (1/2)

Alors que le Bâtiment relève la tête, les industriels du chauffage et de la climatisation annoncent de belles progressions en 2015. Et parient sur une poursuite de la tendance.

Si 2015 a vu le secteur du bâtiment au creux de la vague, les industriels du chauffage et de la climatisation adhérents au syndicat Uniclima reconnaissent pour leur part une année plutôt positive.

 

Les livraisons de chaudières ont connu une croissance de +2,6 %, et celles des matériels thermodynamiques – pompes à chaleur, climatisation et systèmes pour le tertiaire – cumulent des progressions très honorables.

 

Le marché total des chaudières gaz et fioul, mural et au sol, atteint le niveau de 594 000 unités. Devenues majoritaires depuis 2013, les générateurs à condensation forment aujourd’hui les deux tiers des ventes (396 000), en croissance annuelle de +16 %.

 

 

Eric Bataille (Groupe Atlantic), président du comité "ventilation et traitement de l'air" au sein d'Uniclima, Stéphane Hurier (Camfil), président du comité "filtration et Epuration d'air" au sein d'Uniclima, François Frisquet (Frisquet), président du syndicat Uniclima, Didier Metz (Mitsubishi), porte-parole de Pac&Clim Info.

 

Gaz et fioul : un franc passage à la condensation

 

Les chaudières gaz et fioul classiques sont quant à elles en baisse de -17 %. Uniclima constate que cet écart va grandissant. Déjà, sur le segment des chaudières collectives (plus de 70 kW), 78 % des 13 400 équipements vendus sont à condensation.

 

En second lieu, sur les deux derniers mois de 2015, application de la directive Éco-conception oblige depuis fin septembre dernier, les modèles à condensation domestiques – gaz et fioul – emportaient déjà 73 % des ventes.

 

L’année 2016 promet donc une hégémonie de la condensation. Seuls des immeubles collectifs ayant actuellement recours aux évacuations de fumée de type shunt ou Alsace, et difficiles à équiper de conduits adaptés, devraient y échapper.

 

 

 

Baisse vertigineuse du solaire thermique

 

Cependant, quelques marchés donnent des signes de sérieuses difficultés. En premier lieu, le solaire thermique continue sa baisse vertigineuse entamée en 2008. Alors qu’il se vendait encore 150 500 m² de capteurs posés en 2014, les chiffres de 2015 marquent le passage sous la barre des 100 000 m², à 97 800 m² ; c’est moins que le niveau du marché en 2005, quelques années après le lancement du Plan Soleil.

 

Les deux grands consommateurs des capteurs se détournent de ce produit, à savoir les maisons individuelles (12 300 chauffe-eau posés, -34 % ; 400 systèmes solaires combinés, -43 %) et les installations collectives (48 800 m², -35 %).

 

Un phénomène qui tient à la concurrence des chauffe-eau thermodynamiques, moins chers et moins techniquement complexes à poser. En revanche, les offres de solutions hybrides – gaz et solaire thermique – pour le neuf, avec un seul capteur et un ballon d’un volume plus réduit, sauveraient encore ce segment.

 

En collectif, l’application d’un niveau RT 2012 de 57,5 kWh/m².an au lieu de 50 et l’absence d’obligation d’équipement EnR handicapent l’exploitation des solutions solaires. En outre, les maîtres d’ouvrages qui y avaient eu recours dans les années 2000 constatent aujourd’hui les défauts de fonctionnement ou de rendement.

 

Ils s’abstiennent d’investir malgré les diverses recommandations des industriels, notamment par le biais de la plate-forme Socol mis en place par Enerplan. François Frisquet, président d’Uniclima, de remarquer que « le solaire est pratiquement sorti du marché du bâtiment neuf. »

 

 

Les chaudières biomasse à la niche

 

Le second marché en forte baisse est celui des générateurs biomasse. Tout en soulignant que ses adhérents ne représentent que la moitié de la production, Uniclima annonce un volume de livraisons de 11 200 chaudières en 2015, soit 23 % de moins qu’en 2014.

 

La moindre sollicitation des équipements, en raison de deux hivers doux, et un prix du pétrole en baisse expliquent largement cette déprime. Dans le détail, la courbe du marché depuis 2008 montre un pic en 2013 à quelque 22 000 unités… Mais le trend est réellement baissier depuis pratiquement dix ans.

 

Uniclima livre quelques observations de bon aloi. Les chaudières automatiques, à granulés, qui avaient connu de fortes demandes au temps du prix du fioul élevé, début des années 2010, régressent de -27 %.

 

Les chaudières à chargement manuel, à bûches, produit de renouvellement pour des usagers souvent producteurs de leur combustible, connaissent une chute de seulement -16 %. L’avenir de ces chaudières biomasse est par ailleurs compromis par la directive Eco-conception.

 

En 2020, elle obligera à ne proposer que des références de classe 5 (au sens de la norme EN 303-5), c’est-à-dire à très haut rendement et à très faibles émissions. Autant dire, des produits de très haut de gamme pour un marché de niche.

 

 

 



Source : batirama.com / Bernard Reinteau

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