Etanchéité : sous les toits-terrasse, quel système ?

Le Rooftop n?est pas que tendance chez les hipster en quête d'adresses à la mode. Véritable lame de fond, la toiture devient un espace à conquérir comme terrasse

Certes le marché de l’étanchéité en extérieur souffre comme tant d’autres, plombé par les mauvais chiffres de la construction qui ont persistés jusqu’à l’été dernier. « Mais il bénéficie d’une tendance architecturale à nouveau porteuse dans l’habitat qui est celle de la toiture plate. Il est aussi soutenu par le marché de l’extension de la maison pour grignoter des mètres carré. Ces mouvements sont notamment porteurs pour l’étanchéité », dévoile Gaël Laude, directeur des ventes France chez Firestone Building Products.

 

Celle qui devenait une cinquième façade à fonctionnalité en se verdissant avec l’ajout de solaire ou de végétalisation, « devient aussi un espace que l’on se réapproprie, et qui n’est plus camouflé sous des gravillons. C’est aujourd’hui une vraie lame de fond tant en collectif qu’en individuel », confirme Benoit Steiner, directeur général adjoint chez Meple.

 

À chaque configuration son étanchéité

 

Première conséquence pour cette étanchéité : « on ne peut plus la concevoir en terrasse aujourd’hui sans imaginer la fonction immédiate de la toiture sur laquelle elle va être posée. Il faut aussi intégrer son évolution future », poursuit Benoit Steiner.

 

Va-t-elle se transformer en espace accessible, avec une zone piétonne et une autre végétalisée ? « Nous travaillons sur des notions de complexe pour tirer l’étanchéité vers le haut », ajoute Benoit Steiner, sans en dévoiler la teneur.

 

Reste que, face à un marché du bitume toujours confortable avec 75% de parts de marché car aisé à mettre en œuvre, d’autres produits se développent notamment au profit des membranes synthétiques monocouches.

 

La preuve : les industriels historiques du bitume investissent aussi ce créneau. D’où cette autre conséquence pour l’étanchéité : « aujourd’hui, les réponses sont diverses et adaptées selon la configuration du chantier.

 

Les membranes PVC étant, par exemple, plus adaptées sur du bac acier pour une raison de poids, les EPDM facilitent les extensions qui ne seront pas toujours réalisées par des étancheurs, et le bitume permet de traiter facilement un cas complexe ».

 

Et si la mise en œuvre d’une membrane est impossible ou qu’elle dénature l’ouvrage, les systèmes d’étanchéité liquide (SEL) seront la solution.

 

Solution 1 : Membrane bitumineuse : la traditionnelle

 

 

© Soprema

 

75% du marché de l’étanchéité des toits plats restent dominés par les membranes bitumineuses.

 

Particulièrement adaptée sur des supports béton ou lorsqu’il faut réaliser des relevés en périphérie ou sur un puits de lumière par exemple, l’étanchéité bitumineuse demeure la mieux maîtrisée. Bicouche mais aussi monocouche, la partie supérieure de l’ouvrage doit résister aux agressions des UV, aux sollicitations mécaniques et thermiques.

 

Du coup, elle sera armée d’un voile le plus souvent en polyester. Ces membranes souvent décriées pour la nécessaire utilisation d’un chalumeau à gaz peuvent désormais s’en affranchir en utilisant l’air chaud.

 

Elles bénéficient aussi d’une bonne tenue dans le temps grâce à leur épaisseur. Néanmoins, en raison des variations de températures, elles peuvent subir des phénomènes de retrait. Par conséquent, des infiltrations d’eau peuvent apparaître, la membrane peut aussi se déchirer, ou encore endommager la maçonnerie périphérique.


Intérêts : pose traditionnelle et maîtrisée, économique, mode de liaison indépendant ou fixé mécaniquement, adaptée à toutes les finitions recherchées, permet la rénovation d’une étanchéité bitumineuse ; existent avec possibilité de ne pas avoir à recourir à la flamme.
Limites : le plus souvent soudure au chalumeau qui nécessite un équipement lourd, et qui présente des risques, notamment sur les toitures terrasses des maisons à ossature bois.

 

Solution 2 : Les monocouches synthétiques : un challenger offensif

 

 

© Firestone

 

En PVC, EDPM, TPO… Modernes, techniques, durables et plus simples à mettre en œuvre que les traditionnelles membranes bitumineuses, elles grignotent des parts de marché.

 

Ces systèmes préconçus facilitent la mise en œuvre sur chantier, et le traitement des points singuliers (relevé, acrotères, lanterneau…). Monocouches, ces membranes synthétiques sont plus faciles et plus rapides à mettre en œuvre que les étanchéités bitumineuses.

 

En outre, leur mode de pose, qui varie selon les procédés et les matériaux utilisés, ne nécessite pas de réaliser de soudure avec une flamme. Donc ni outillage spécifique, ni permis feu. De plus, ces membranes permettent de travailler des grandes surfaces sans joints.

 

Elles sont donc moins sensibles aux fuites, à l’instar du TPO (Polyoléfine thermoplastique ou FPO) qui s’impose comme alternative au PVC, présentant l’avantage de ne pas contenir de plastifiant. Ainsi, cette étanchéité ne pollue pas les eaux pluviales qui peuvent être récupérées.

 

Et de manière générale, ces membranes monocouches ouvrent le champ de l’étanchéité à d’autres corps d’état que celui des étancheurs. Mais à condition d’avoir été formés spécifiquement pour le procédé mis en œuvre.

 

Intérêts : mise en œuvre qui ne nécessite pas de flamme, excluant ainsi les risques d’incendie, notamment sur les supports en bois ; légèreté ; pérennité ; possible en traitement de grandes surfaces.
Limites : une main d’œuvre à qualifier ; système monocouche donc nécessitant un soin particulier au niveau de l’assemblage des lés lorsqu’il y a lieu.

 

Solution 3 : SEL : l’étanchéité qui épouse toutes les formes

 

 

© Mapei

 

Petit poucet de l’étanchéité des terrasses, les systèmes d’étanchéité liquide (SEL) restent la solution la plus adaptée pour traiter des formes complexes.

 

A base de résines synthétiques, les systèmes d’étanchéité liquide (SEL) forment après séchage et en incorporant une armature, une membrane élastique adhérente et étanche, qui résiste en cas de fissuration du support.

 

Évitant les problèmes de jonctions entre les lés, ils se mettent en œuvre à froid, sans flamme, ni air chaud, en étalant la résine sur plusieurs couches au moyen d’outils classiques : rouleau, pinceau et même machine airless.

 

Mais surtout, et du fait qu’ils soient liquides, ces systèmes d’étanchéité sont la réponse pour étancher des surfaces diverses et aux formes complexes, avec par exemple des encorbellements. Ce qui reste plus compliqué avec des membranes bitumineuses ou synthétiques.

 

Intérêts : étanchéité sans joints, continue et homogène sur toute la surface ; peuvent être circulables
Limites : prix élevé quand la terrasse ne nécessite pas le recours à ces systèmes ; une main d’œuvre très qualifiée ; se met en œuvre uniquement lorsque les conditions atmosphériques sont particulièrement favorables.

 

 

Co-branding pour SEL avec complexe d’isolation intégr

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Les industriels Recticel Insulation, et Kemper System ont réuni le panneau d’isolation thermique du premier et le SEL en résine polyuréthane sans solvant du second. Le résultat : Kempertherm Iso-SEL. La finition plane et sans bullage des panneaux permet d’appliquer l’étanchéité directement sur l’isolant.

 

Une réponse adaptée en rénovation qui ne nécessite pas de dépose de l’ancienne étanchéité, à mettre en œuvre sur pare-vapeur traditionnel, maçonnerie ou ossature bois.
 

 

 

Source : batirama.com / S. Lacaze-Haertelmeyer

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