Réseaux d’eau obsolètes : mobilisation des professionnels

Les Canalisateurs de France tirent la sonnette d'alarme. Selon Alain Grizaud, son président, 40 % de l?eau payée par les contribuables n?arrive pas au robinet...

Bâtirama : Quelle est la situation du réseau d’eau en France aujourd’hui ?

 

Alain Grizaud

: Nous avons plus d’un million de km de canalisations à entretenir sur le territoire, avec une partie de canalisations vétustes qui continuent de se dégrader. La perte en ligne est d’environ 1 milliard de m3 par an. Cela équivaut à 432 000 piscines olympiques dans la nature chaque année !

 

A cause des fuites, le rendement moyen est officiellement de 70-75 % ; en réalité, il approche parfois  les 60 %, ce qui signifie que 40 % de l’eau payée par les contribuables n’arrive pas au robinet … C’est un phénomène d’autant plus inquiétant que la ressource doit être gérée durablement, étant donné le contexte environnemental et économique. La situation n’est pas très alarmante aujourd’hui mais il faut penser à demain !

 

Comment expliquer cet état des réseaux ?

 

Alain Grizaud

: L’âge des réseaux explique bien souvent cet état, car les matériaux sont anciens et ils sont parfois mis à mal par des pressions d’eau importantes. Il est nécessaire d’entretenir les réseaux d’eau potable et d’assainissement.  Bien posés, les tubes actuels ont une durée de vie de 75-80 ans et nous disposons d’entreprises qualifiées. Il manque malheureusement la volonté politique de maintenir le réseau en état. Ne serait-ce que l’inventaire exigé par la loi Grenelle 2, que les collectivités locales avaient pour obligation d’achever au 31 décembre 2013, n’a pas été engagé par toutes. La date butoir a finalement été reportée au 31 décembre 2014.

 

Ce diagnostic permet de connaitre le rendement du réseau de distribution d’eau et les indices de performance. C’est la première étape avant de mettre en place des plans d’actions et de travaux. Il dure environ 2 à 3 mois et peut être soutenu financièrement par les Agences de l’eau, jusqu’à 70 % du budget global de l’étude.Plus généralement, l’investissement a bien diminué ces 4 dernières années. Il est de seulement 0,8 milliard d’euros par an pour le renouvellement des canalisations, au lieu des 2 milliards nécessaires. Ce qui fait que 0,6 % en moyenne du réseau est renouvelé annuellement. A ce rythme, il faudra 170 ans pour le remplacer !

 

 

Sources : France Libertés 60 millions de Consommateurs n° 503 avril 2015

 

Quelles actions votre organisation professionnelle, Canalisateurs de France, entreprend-elle ?

 

Alain Grizaud

: Nous interpellons régulièrement les Pouvoirs publics depuis déjà des années, sans grand succès. Les Canalisateurs du Sud-Est lancent cette année une campagne de sensibilisation à destination des élus locaux : Mémento des Financements Possibles, car les possibilités d’accompagnement des travaux par les partenaires financiers du système de l’eau sont nombreuses ; Guide pratique des Inventaires des réseaux d’eau et d’assainissement.

 

Il est également nécessaire d’expliquer au plus grand nombre les enjeux vitaux du système de gestion de l’eau. Un document pédagogique destiné au grand public est en cours d’élaboration. Il expliquera le principe de « l’eau paie l’eau », présentera le « petit cycle de l’eau » et donnera les chiffres clés. Il faut absolument mieux expliquer le prix de l’eau et ses composantes pour que les gens se rendent compte que l’eau n’est pas chère au regard d’autres services.



Source : batirama.com / E. Jeanson

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