Un décollement d'enduit peu banal !

Au bout de quelques années, l?enduit de façade d?un bâtiment se fissure puis se détache de son support. Des plaques d?en­duit tombent, entraî­nant la peau de la maçon­nerie qui s?arrache. Verdict de l?expert :  l?enduit était incompatible avec la maçonnerie en béton cellulaire?


L’ossature du bâtiment abritant une piscine est constituée de portiques en métal. Afin d’assurer une bonne isolation thermique, l’architecte a prescrit une maçonnerie à base de blocs en béton cellulaire. Les blocs ont été enduits avec un enduit monocouche, réalisé en deux passes projetées avec une finition de type gratté. Les locaux techniques et les vestiaires ainsi que les parties communes ont été traités avec des blocs en béton ordinaires. La conception ne souffre pas de critiques.


Plusieurs cm de béton cellulaire emportés !


Les fissures nombreuses et profondes forment un faïençage : leur ­ouverture peut dépasser un millimètre. L’auscultation de la paroi révèle que l’enduit menace de se décoller en plusieurs endroits. L’expert examine ensuite les blocs mis à nu: les plaques d’enduit décollées ont systématiquement emporté une épaisseur de plusieurs centimètres de béton cellulaire. Et l’enduit est resté parfaitement adhérent à la surface des blocs ! Habituellement, les décollements d’enduit se produisent à l’interface support première couche, ce qui n’est pas le cas ici. Ce décollement d’enduit n’est donc pas banal. L’enduit ne présente aucune fissure et reste parfaitement adhérent lorsqu’il a été projeté sur des maçonneries constituées de blocs béton. Trois observations majeures vont conduire l’expert à poser le bon diagnostic : les fissures, la dureté apparente de l’enduit et la friabilité du support.


Un enduit incompatible avec la maçonnerie


L’absence de désordres lorsque la façade a été montée avec des blocs en béton ordinaire confirmera le jugement de l’expert. L’enduit, en faisant son retrait, entraîne la partie supérieure des blocs de béton cellulaire. Celui-ci étant peu résistant à la traction, il se rompt et se détache par cisaillement dans le plan vertical, là où les contraintes qu’il subit sont supérieures à sa capacité de résistance. Avec le même enduit, il ne s’est pas produit de désordres sur les pans de façade construits avec des blocs courants de meilleure résistance à l’arrachement. Le mauvais comportement de l’enduit, son retrait excessif, est à l’origine du sinistre. Il s’est avéré incompatible avec la maçonnerie isolante mise en œuvre et la responsabilité de l’entreprise en charge des travaux d’enduits a été mise en cause.


P. Philipparie Fondation d’Excellence SMA

 

Quel enduit choisir?

 

Lorsque le bâtiment qui nous intéresse a été construit, les enduits monocouches faisaient l’objet d’une certification par le CSTB et d’un cahier
des prescriptions techniques publié en 1993.
Le classement Meruc distinguait les enduits monocouches dits de type A et les enduits dits
de type B. Il convenait de choisir un enduit monocouche de type B, faiblement dosé en ciment et faisant peu de retrait pour les supports friables. Le nouveau DTU 26.1 traite des enduits monocouches. Les différents supports sont classés en fonction de leur résistance à l’arrachement.
 Les enduits font l’objet d’essais permettant d’apprécier leur aptitude à être mis en œuvre sur des supports friables ou non.

 
   
Classification
du support
Résistance à l'arrachement
du support RT
Nature
du suport
Catégorie
d'enduit
Rt1 0.4 MPa<RT<0.6 MPa Béton cellulaire OC1
Rt2 0.6 MPa<RT<0.8 MPa Briques, blocs comportant
des granulats légers
OC1 ou OC2
Rt3 >0.8 MPa Blocs en béton,
béton, briques
OC1, OC2 ou OC3
 

On constate à lecture de ce tableau que les supports en briques apparaissent à deux niveaux.
Le fabricant devra ­apporter des informations sur la classification de son produit.

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