L’impact des interfaces sur les sinistres dans le bâtiment

L’impact des interfaces sur les sinistres dans le bâtiment

C’est aux interfaces entre acteurs et entre matériaux que se rencontre la grande majorité des désordres et pathologies des bâtiments.




C’est donc ce thème majeur qu’ont développé les 16èmes rendez-vous Qualité Construction, organisés par l’Agence Qualité Construction. De nombreuses pathologies sont liées à une mauvaise ou même à une absence de gestion des interfaces, qu’elles soient techniques ou entre acteurs.

 

Dans les bâtiments performants qui se construisent aujourd’hui, ces interfaces se multiplient, à toutes les étapes de la conception et de la construction, ce qui engendre de nouveaux types de désordres.

 

Les principales pathologies

 

Du Sycodés 2014-Pathologies publié par l’AQC, il ressort que 56 % des dommages concernent un défaut d’étanchéité à l’eau, quelle que soit la destination du bâtiment. Le reste se répartissant entre les autres manifestations (20 %), majoritairement d’ordre esthétique, la sécurité d’utilisation (10 %) et le défaut de stabilité (10 %).

 

En maison individuelle, la pathologie se concentre

  • sur les tassements différentiels des fondations superficielles et sur les dallages sur terre-plein (sol hétérogène, mauvais dimensionnement),
  • sur les fissurations et décollements de revêtements de sols intérieurs carrelés,
  • sur les fuites de canalisations encastrées des réseaux d’eau intérieurs carrelés,
  • sur les infiltrations au droit des points singuliers des couvertures en tuile de terre cuite carrelés,
  • sur les défauts liés à la fissuration des supports d’enduits monocouche sur façade à base de maçonnerie en blocs de béton carrelés

 

En logements collectifs, s’ajoutent des infiltrations au droit des jonctions structure-balcon, des défauts de pente des réseaux extérieurs au bâtiment, des défauts de liaisons maçonnerie-structure, dans le lot menuiserie. Dans l’existant, on note, en plus de ce qui précède, des infiltrations au droit des relevés des toitures-terrasses avec isolant et étanchéité auto-protégée.

 

Comment anticiper ces désordres, générés par les interfaces techniques ?

 

Cette question concerne tous les acteurs du bâtiment, architectes, bureaux d’études, assureurs, maîtres d’ouvrage, industriels, entrepreneurs… La réussite de l’ouvrage dépend en grande partie de la qualité des informations que les corps de métier échangent, et ce dès le départ du chantier.

 

Une donnée qui n’a pas été communiquée à temps, ou pas à toutes les personnes intéressées, peut être à l’origine d’un dysfonctionnement du bâtiment. L’organisation entre intervenants est un point névralgique qui doit se mettre en place en amont, et ce quelle que soit la taille du chantier.

 

Cette gestion des interfaces métiers s’avère indispensable dans les constructions RT 2012 et dans les bâtiments encore plus « qualitatifs ». Ces opérations avec obligation de résultats sont de plus en plus complexes à mener.

 

Elles ne peuvent se contenter d’un séquençage des interventions mais exigent une véritable coordination de tous, planifiée bien en amont. Un changement d’habitudes qui se met en place bien lentement… La gestion des interfaces métiers induit par ailleurs la notion d’auto-contrôle des entreprises, qui est très bénéfique à la qualité des réalisations.

 

La traçabilité des produits

 

Il n’est pas toujours aisé de se tenir informé du  grand nombre de produits et solutions mis sur le marché. Le défaut d’étanchéité à l’air, problème d’interfaces matériaux souvent cité, est parfois simplement dû à un adhésif incompatible avec les divers matériaux auxquels la bande est censée adhérer.

 

Les fabricants proposent de plus en plus souvent des systèmes complets afin de réduire les risques d’incompatibilités entre matériaux. Une amélioration doit encore être apportée dans le retour d’expérience chantier vers les industriels, dont certains se sont constitués en association, comme le GIP, afin d’échanger entre eux et avec les acteurs du bâtiment.

 

La durabilité d’un matériau est un critère important, encore trop peu testé dans les essais normatifs. C’est notamment le cas de certains panneaux photovoltaïques, répondant aux normes mais d’une durée de vie insuffisante. Les normes elles-mêmes ne répondent d’ailleurs pas toujours à l’ensemble des problématiques.

 

Quant aux réglementations, elles sont parfois incompatibles. Comme la RT et la réglementation parasismique, qui ne s’accordent pas aisément sur la question des rupteurs de ponts thermiques.

 

La connaissance des matériaux, produits et systèmes est donc parfois un point d’achoppement. Cependant, les acteurs du bâtiment ont désormais les moyens techniques d’accéder aux données.

 

A plus ou moins long terme la Maquette Numérique (BIM) sera l’outil informatique idéal pour partager les données dans un format unique et commun à tous les partenaires d’un projet. Loin d’être généralisé, le BIM a cependant vocation à être utilisable par tous les acteurs, qui doivent être accompagnés pour apprendre à le maîtriser.

 

La mise œuvre, indissociable du produit

 

Un bon produit n’apporte pas la performance attendue s’il est mal posé ou non pertinent. Pour les assureurs, l’analyse de risque comprend le produit mais aussi sa mise en œuvre. Cette interface produit-mise en œuvre doit elle aussi faire l’objet d’un vrai travail.

 

L’obligation de résultats introduite par la RT 2012 souligne le problème des entreprises qui vont au-delà de leurs compétences. Les qualifications ne sont pas très discriminantes et ne permettent pas toujours de s’assurer qu’une entreprise est apte à réaliser un travail donné.

 

Les acteurs doivent non seulement se mettre autour de la table dès le départ du projet pour s’expliquer clairement sur leur rôle dans l’opération, mais aussi sur leurs compétences, autant techniques que logistiques, à mener à bien la tâche qui leur est commandée.

 

Source : batirama.com / Emmanuelle Jeanson

 

En Savoir Plus

 

Les outils pour comprendre

 

L’Observatoire de la Qualité de la Construction étudie l’évolution des pathologies à travers l’analyse des 400 000 dommages expertisés entre 1995 et 2013 par les experts de la construction mandatés par les assurances,  regroupés dans son dispositif Sycodés, publié depuis 2006.

 

« Sydodés 2014-Pathologie » donne des informations statistiques sur les causes techniques des désordres à l’échelle nationale, dont un « Top 10 » de la pathologie, et des zooms sur les principaux maux du bâtiment. Un Sycodés régional est également mis à la disposition des professionnels.

 

Ces outils, ajoutés aux 16 fiches  pathologie et à l’enquête REX Bâtiments Performants & Risques, qui est menée depuis 2010 sur les bâtiments performants et de haute qualité environnementale, permettent à l’AQC d’orienter son action de prévention vers les sujets les plus préoccupants.

Laissez votre commentaire

Saisissez votre Pseudo (votre commentaire sera publié sous ce nom)

Saisissez votre email (une alerte sera envoyée à cette adresse pour vous avertir de la publication de votre commentaire)

Votre commentaire sera publié dans les plus brefs délais après validation par nos modérateurs.

Articles qui devraient vous intéresser

Pour aller plus loin ...

Newsletter
Produits


Votre avis compte
Êtes-vous favorable à la mise en place d'un certificat de conformité de performance énergétique pour les artisans non-certifiés RGE ? (248 votants)
 
Articles
Nouveautés Produits