Rénover un carrelage sans le déposer

Rénover un carrelage sans le déposer

En rénovation, la pose de carrelage et de parquet massif demeure un marché pour les professionnels. L’application d’un revêtement aspect béton ciré nécessite des connaissances techniques spécifiques.




 

Au dernier semestre 2012, les travaux d’amélioration-entretien ont contribué à limiter la ­baisse globale d’activité dans le secteur du Bâtiment. Une bonne surprise, selon les organisations professionnelles.

 

Moins fluctuant que le marché du Neuf, celui de la rénovation offre de belles perspectives aux professionnels. Tiré par l’amélioration de la performance énergétique de l’habitat, il se maintient aussi grâce aux travaux d’aménagement et de décoration intérieurs.

 

Le carrelage demeure le revêtement de prédilection en France et grignote encore des parts de marché pour atteindre 30% en 2011 (versus 28,7% en 2010). Mais les sols textiles, plastiques ainsi que les stratifiés sont de plus en plus prisés. Un engouement qui s’explique par leur coût modéré à l’achat et par des systèmes de mise en oeuvre tellement simplifiés qu’ils permettent aux particuliers de réaliser la pose eux-mêmes.

 

En revanche, le carrelage et le parquet massif nécessitent le recours à des professionnels, car la mise en oeuvre de ces produits ne s’improvise pas, au risque de voir de former des pathologies importantes (fissuration du carrelage, soulèvement des lames de bois…).

 

Le confort acous­tique existant. La pose de ces revêtements doit répondre à des régles précises et nécessite le recours à des produits de mise en œuvre compatibles entre eux et adaptés au support comme au revêtement choisi.

 

Quant au béton ciré estimé à moins de 1% de part de marché, c’est une affaire de spécialiste et un marché sur lequel il ne faut surtout pas se lancer sans être très bien formé aux techniques d’application recommandées par les fabricants.

 

Et quel que soit le nouveau revêtement mis en œuvre, la dernière version (n°4) du CPT 3529 relatif aux sols P3 en rénovation stipule que la mise en place d’un nouveau revêtement ne doit pas détériorer le confort acoustique existant dans les locaux voisins. Gardez donc en tête qu’après travaux, la performance acoustique doit impérativement être au moins égale à celle constatée avant travaux.

 

Une disposition surtout valable dans le cas de travaux de rénovation en logements collectifs.

 

 

AVIS D'EXPERT

 

Jacques Manevy, carreleur à Saint Etienne

 

« Attention à la surépaisseur »

 

Cet artisan carreleur réalise 70% de son activité sur le marché de la rénovation. « J’ai pris le parti de rester dans mon cœur de métier de carreleur même si je me suis spécialisé dans la pose de terre cuite. La plupart du temps, je rénove sans dépose du carrelage existant au sol. Dans ce cas, il faut vraiment faire attention à la surépaisseur que l’on créé notamment au niveau des portes intérieures et des portes fenêtres.

 

La vigilance est aussi de mise dans les cuisines équipées car il faut veiller à avoir une réservation suffisante pour pouvoir retirer l’électroménager posé au sol en cas de besoin comme les lave-vaisselle par exemple.

 

Si ce n’est pas le cas, mieux vaut prévenir son client qu’il faudra rehausser le plan de travail. Les demandes les plus courantes concernent la pose d’un nouveau carrelage. Les gens en profitent pour changer de format, j’ai récemment posé du 3 x 1 mètre.

 

Il m’arrive aussi d’être sollicité pour du parquet massif en rénovation. Dans ce cas je renvoie systématiquement mes clients vers un collègue menuisier. Et pour ce qui est du béton ciré, je refuse car je ne suis pas formé. C’est trop risqué si on ne maitrise pas les techniques spécifiques de mise en œuvre. »




 

Solution 1 : Pose collée d’un revêtement carrelage sur un carrelage

 

 

L’étude préalable du support carrelé et sa préparation sont deux étapes essentielles qui ne doivent pas être négligées. Le choix d’un mortier colle adapté permet d’éviter les risques de fissuration et/ou retrait.

 

Le carrelage est un matériau qui nécessite une étude préalable du support existant. Visuellement, repérer les éventuelles parties réparées, affaissements ou cisaillements, fissures, carreaux cassés ou enfoncés…

 

Le test sonore par sondage à la règle métallique permet de déterminer si des carreaux sont soufflés. Dans ce cas, ils doivent être comptabilisés avec les défauts repérées lors de l’examen visuel. Si la surface avec défauts représente plus de 10% de la surface totale, il faut déposer la totalité de la surface carrelée.

 

Dans le cas contraire, ne déposer que les carreaux qui présentent des défauts et les reboucher. Si le carrelage à recouvrir présente un défaut de planéité supérieur à 5 mm sous la règle des 2 mètres, un ragréage doit être mis en œuvre.

 

Dans le cas d’un support sain et plan, les carreaux non emaillés et non polis doivent être lavés avec une lessive sodée et rincés à l’eau. Une fois le support bien sec, la pose collée du nouveau carrelage peut se faire sans application préalable d’un primaire selon le CPT 3529 Sol P3 rénovation.

 

Toutefois, nombreux sont les professionnels qui appliquent systématiquement un primaire. Noter que le sol existant peut également être grenaillé puis balayé. La mise en œuvre se fait ensuite par simple ou double encollage en fonction du format des carreaux et du mortier colle selon les préconisations du CPT.

 

Les dernières générations de mortier colle améliorés déformables permettent le simple encollage même pour les formats jusqu’à 3.600cm2 et limitent les risques de retrait et de fissurations. Il est également possible d’utiliser une natte de désolidarisation pour prévenir les risques de fissuration et de décollement.




 

Solution 2 : Pose collée d’un parquet sur un revêtement carrelage

 

 

Il n’existe pas de régles spécifiques pour le collage d’un parquet massif sur un carrelage car le NF-DTU 51.2 ne concernent que les travaux dans le Neuf. En rénovation, l’emploi d’un primaire et/ou d’un ragréage ou uniquement d’une colle spécifique est possible.

 

Première précaution, penser à stocker le parquet dans la pièce à rénover au moins 15 jours avant sa mise en œuvre afin qu’il s’adapte à la température ambiante et contrôler son humidité avant la pose. Le défaut de planéité des supports permettant de recevoir un parquet collé ne doit pas être supérieur à 1 mm de flèche maximale sous le réglet de 20 cm et 5 mm de flèche maximale sous une règle de 2 mètres.

 

Sur carrelage existant, il est recommandé de ponçer légérement et de rayer le support afin d’éliminer les résidus de produits d’entretien. Il faut ensuite bien aspirer toutes les poussières. Ainsi, il est possible de ne pas appliquer au préalable un primaire d’accrochage.

 

Si besoin, utiliser une sous couche d’isolation acoustique pour limiter la sonorité du parquet collé. La mise en œuvre du parquet peut ensuite s’affectuer de deux façons. Les colles souples spatulables mono-composantes s’appliquent à la spatule crantée, réparties uniformément sur toute la surface du support soigneusement préparé.

 

De son côté, le collage au cordon permet de coller le parquet sur des surfaces très lègérement irrégulières. Le parquet est collé directement sur le support par des cordons de colle appliqués perpendiculairement au sens des lames.




 

Solution 3 : Revêtement aspect béton ciré sur un carrelage

 

 

Très tendance en rénovation, le revêtement de sol aspect béton ciré est un marché de niche, plutôt haut de gamme. Mais attention, il doit impérativement être réalisé par des professionnels formés spécifiquement à ces sytèmes multicouches autolissants ou spatulables.

 

Comme pour le carrelage et le parquet, la rénovation d’un sol carrelé existant par un revêtement aspect béton ciré nécessite une bonne préparation. Les fabricants recommandent de poncer le carrelage à la rectifieuse pour le dépolir. L’idéal est d’arriver au niveau du joint pour obtenir une surface la plus lisse et la plus adhérente possible.

 

Appliquer ensuite une précouche avec une résine epoxy chargée en silices afin de revêtir le carrelage d’une surface  uniforme, homogène et plane dont l’aspect ressemblera à un papier de verre à gros grain. Ce traitement à l’epoxy sablé ne peut pas se désolisariser du support et permet d’obtenir un très bon profil d’accroche.

 

Il est aussi possible de passer directement le carrelage à l’abrasif gros grain avant de le dépoussièrer soigneusement et d’appliquer un primaire époxy. Une fois le support propre et préparé, suivre à la lettre les recommandations du fabricant. Il existe deux systèmes courants.

 

Le premier est un ragréage coloré autolissant de 6 à 10 mm, le second est un produit millimétrique spatulable (1,5 à 2 mm). En fonction du rendu souhaité, ils peuvent nécessiter l’application d’une dizaine de couches dont plusieurs de vernis de protection. La mise en œuvre de ces systèmes multicouches nécessite une solide formation et beaucoup de pratique.

 

Les industriels sérieux sur le marché ne vendent leurs solutions qu’aux professionnels qu’ils ont au préalable formés et accompagnés dans des chantiers tests avant de les intégrer dans leurs réseaux d’applicateurs agréés.

 

 

Source : batirama.com / C. Jappé

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