Stuc à la chaux : Un enduit pelliculaire teinté dans la masse

Stuc à la chaux : Un enduit pelliculaire teinté dans la masse

La technique du stuc est millénaire : réalisé avec du plâtre, de la chaux ou les deux mélangés, cet enduit décoratif demande une mise en œuvre délicate et soignée.





Le stuc était utilisé à l’époque romaine pour imiter le marbre. Il a d’abord été appliqué sur les moulures avant d’être mis en œuvre sur les murs, servant bien souvent de base à la réalisation d’une fresque. Cette technique retrouve aujourd’hui toutes ses lettres de noblesse en décoration intérieure où elle permet de réaliser mille et un décors. Profondeur du rendu, finesse du nuançage, variation des moirages... le décor est à chaque fois unique ! Le stuc peut être lisse, transparent, marbré, graffité… Pour le réaliser, chaque artisan possède son propre savoir-faire, sa « recette » et ses secrets de fabrication du mélange qui peut être à base de chaux, de plâtre ou des deux… Loin d’être une science exacte, un stuc est avant tout une réalisation artistique. Sa texture consistante permet même de le modeler pour obtenir des motifs en relief.

 

Pigments naturels ou oxydes artificiels


Les stucs à la chaux sont préparés à partir d’une chaux aérienne éteinte appelée aussi chaux grasse qui fait sa prise (ou carbonatation) au contact de l’air (contrairement à la chaux hydraulique naturelle ou chaux maigre qui fait sa prise au contact de l’eau et s’utilise comme liant dans la construction). Utilisée depuis l’Antiquité, la chaux est tombée dans les oubliettes avec l’apparition du ciment. Vers les années 1980, ses propriétés ont été redécouvertes : perméable à la vapeur d’eau et imperméable à l’eau, elle laisse respirer les murs, réduit l’humidité ; elle a également un pouvoir assainissant et bactéricide du à son PH basique ; enfin, elle offre un large choix de finitions (badigeon, patine, stuc, enduit mince, tadelakt) et un rendu velouté des couleurs qui vont se patiner dans le temps… La coloration est obtenue à l’aide de pigments naturels ou artificiels (terres ou oxydes métalliques miscibles entre eux) dont le poids ne doit pas dépasser 3 % du poids de la chaux.

 

Chaux en pâte ou en poudre


Avec les terres naturelles, les teintes seront pastels, douces et chaleureuses; avec les oxydes, la couleur finale sera plus intense, plus vive. Les stucs à la chaux sont des enduits pelliculaires qui s’appliquent en plusieurs couches très fines (3 couches minimum de 1 à 2 mm d’épaisseur) ce qui impose de bien préparer le support. Sur un fond poreux dit "ouvert" comme un enduit à base de chaux, de la pierre ou de la brique, il faudra mouiller abondamment le support avant de réaliser directement le stuc. Sur un fond non poreux dit "fermé" (plaque de plâtre ou peintures anciennes par exemple) et non uniforme, il est nécessaire de passer au préalable une ou deux couches d’impression acryliques mates pour homogénéiser le support. Lorsque le fond est « fermé » mais uniforme, l’application d’une sous-couche à base de chaux et de silice assure l’accroche mécanique du stuc de chaux. La chaux est commercialisée en pâte ou en poudre.La présentation en pâte simplifie la préparation (il suffit de rajouter de l’eau jusqu’à l’obtention de la consistance souhaitée) mais, sous cette forme, il est  plus difficile de mélanger la chaux aux sables. La présentation en poudre a pour avantage de permettre d’ajuster plus précisément le dosage des pigments : en mélangeant la chaux à sec avec les pigments, on obtient la teinte réelle et finale du décor.

 

Source : batirama.com / Virginie Bourguet.

 

 





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Préparer la première couche du stuc en mélangeant 2 volumes de chaux aérienne, 1 volume de sable fin (de 0 à 0,5 mm) et de l’eau jusqu’à consistance d’une pâte onctueuse type "fromage blanc". Malaxer le mélange au moins dix minutes.

 

 

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Appliquer la première couche de 1 à 2 mm d’épaisseur, à la truelle, en effectuant des petits gestes circulaires pour obtenir une surface homogène, plate et un effet marbré. L’épaisseur des couches est réglée par l’angle donné à l’outil par rapport au support : plus l’angle est ouvert, plus la couche est fine. Selon l’effet souhaité, il est possible d’appliquer une pâte colorée à chaque couche (effet de nuançage de couleur) ou de colorer seulement la dernière couche.

 

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Préparer la deuxième couche de façon identique à la première mais en mélangeant cette fois 5 volumes de chaux aérienne, 1 volume de sable fin et de l’eau. Lorsque la première couche ne colle plus au doigt mais qu’elle est encore humide, appliquer la deuxième couche à la lisseuse dite italienne ou à la spatule inox de 10 à 15 cm.

 

 

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La couche de finition est teintée par l’ajout de pigments. Détremper les pigments avant de les ajouter au mélange constitué de 2 volumes de chaux et de différents adjuvants :1 volume de poudre de marbre et 1 volume de talc (pour apporter brillance et velouté),  2 % de méthylcellulose, 0,5% de laurylsulfate de sodium (entraineur d’air)  et de 1 % de caséine (fixateur).

 

 

 

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Pour obtenir un effet brillant glacé, le stuc est ferré au platoir inox pour lisser au maximum les micro-ouvertures qui se forment pendant la carbonatation et réduire les particules et agrégats de marbres et de silice contenus dans la chaux.

 

 

 

 

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La brillance peut être renforcée par l’application d’une cire naturelle passée à la brosse puis lustrée au chiffon. Pour hydrofuger le stuc, passer une couche de savon noir enrichi de corps gras (savon noir à l’huile d’olive recommandé).

 

 

 

 





 

Pour en savoir plus...

 

"La chaux et le stuc", Ecole - Atelier de restauration – Centre historique de Leon. Editions Eyrolles

 

Ce guide décrit les techniques traditionnelles des revêtements de façade utilisant la chaux comme les enduits, les stucs et les fresques. Chaque technique est illustrée par des photographies de chantier permettant de bien visualiser les outils utilisés, les gestes et le tour de main de l’artisan.

 

NORMES :

 

La norme NF EN 459-1 d’Octobre 2002, "Chaux de construction – partie 1 : définitions, spécifications et critères de conformité", remplace la norme française NF P 15-311 de Janvier 1996. Cette nouvelle norme se complète d’une partie 2, "Méthodes d’essai" d’Octobre 2002, et d’une partie 3, "Evaluation de la conformité" de Septembre 2002.

 

QUELQUES FABRICATIONS DE CHAUX :

 

C.E.S.A, Chaux et enduits de Saint Astier (24) : www.c-e-s-a.fr

Ciments Calcia (78) : www.ciments-calcia.fr

Socli (65) : www.socli.fr

Lafarge (75) : www.lafarge.fr

 

FORMATIONS

 

Ciments Calcia propose des formations sur 2, 3 ou 5 jours selon le thème, dans son centre de formation aux techniques de la chaux d’Izaourt (65) et partout en France.

Renseignements : Marie-Valentine Masquelier,

Tél. : 01.34.77.77.78 ou mvmasquelier@ciments-calcia.fr

 

Le centre de formation à la réhabilitation du patrimoine architectural de l’Ecole d’Avignon assure, partout en France, des formations en peintures décoratives et maçonnerie enduite.

 

Renseignements : 04.90.85.59.82 ou contact@ecole-avignon.com

 

Okhra, Conservatoire des ocres et pigments appliqués, organise également des stages de formation.

 

Renseignements : www.okhra.com


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