Thierry Dumery, 50 ans, dont six dans le bâtiment… breton !

Thierry Dumery, 50 ans, dont six dans le bâtiment… breton !

En rachetant en 2011 l’entreprise de construction métallique Sefra, Thierry Dumery a changé de vie pour devenir tout à la fois patron, professionnel du bâtiment et breton d’adoption.




Thierry Dumery avait à son actif une carrière déjà bien remplie avant de racheter en 2011 l’entreprise Sefra implantée dans les Côtes d’Armor. Ingénieur énergéticien, diplômé de l’INSA, il débute son parcours professionnel chez la société Lexmark issue d’une ancienne division d’IBM et spécialisée dans la production d’imprimantes.

 

Il poursuit pendant six ans chez ArjoWiggins, un fabricant de papiers haut de gamme, puis à la Banque de France, de 2000 à 2010. Responsable Analyse des contrefaçons au sein de cette honorable institution, Thierry Dumery  partageait alors son temps entre Paris, Clermont-Ferrand, et Francfort où s’élaborait la deuxième mouture des billets en euros, sans compter de nombreux déplacements pour participer aux réunions du G8 ou mener des conférences internationales.

 

Membre Platinum à vie chez Air France

 

« J’ai passé énormément de temps dans les hôtels, les avions. L’avantage c’est que je suis Platinum à vie chez Air France, explique-t-il en riant, mais j’en avais assez de ne jamais être chez moi. L’envie de reprendre une entreprise m’est venue à l’âge de 35 ans.

 

J’ai attendu 10 ans pour la concrétiser car j’avais du mal à réunir les fonds nécessaires. Un jour, un ami m’a parlé du secteur de la charpente métallique, j’ai vendu ma maison et cherché une entreprise dans ce domaine. A partir de là, c’est allé très vite».

 

L’entrepreneur en herbe jette son dévolu sur la Sefra, basée près de Saint-Brieuc, dont le patron veut partir à la retraite, et dont les activités couvrent la construction métallique (charpente, ossature), la couverture, le bardage, ainsi que la serrurerie : escaliers, garde-corps, rideaux métalliques… L’affaire est bouclée en février 2011 pour un ticket d’entrée de 515 000 euros.

 

 

Atelier de haute couture – Normandie – 4000 m² de couverture et bardage double peau en aluminium

 

Informatisation de l’entreprise

 

Thierry Dumery investit dans un système informatique, inexistant auparavant, et conscient d’être novice dans le bâtiment, privilégie un management participatif.

 

« J’ai endossé le rôle de « facilitateur des sachants », explique-t-il, et vis-à-vis de la clientèle, j’ai essayé d’être le plus crédible et le plus fiable possible. Je ne suis pas l’entreprise la moins chère, mais je veux que les clients soient contents ».

 

Sur les chantiers, la prise de cote lui apparaît vite comme une étape à la fois complexe et décisive. La moindre erreur à ce stade des opérations se paie cher au moment de la réalisation : « Quand on arrive avec deux équipes, des nacelles et tout un tas de matériel pour travailler à 1000 euros de l’heure, s’il y a eu des erreurs en amont qui perturbent le montage, cela représente un coût énorme ».

 

Le choix payant de la maquette numérique

 

Pour éviter ce type de mésaventure, Thierry Dumery fait le pari en 2015 de la maquette numérique et s’engage dans une démarche BIM (Building Information Model). Grâce à la représentation virtuelle de ce qui va être construit, le BIM permet de tester et d’analyser un bâtiment projeté sous de multiples aspects : faisabilité technique, respect des normes, du budget, etc.

 

Les éventuels problèmes sont ainsi détectés de façon précoce, avant la mise en chantier. Sefra a d’abord fait l’acquisition d’une station Hilti, puis d’un scanner 3D Faro pour un budget global de quelque 55000 euros.

 

« Les gains sont énormes, juge Thierry Dumery. La prise de cote est beaucoup plus rapide et très fiable, ce qui évite des reprises au montage. Les surcoûts négatifs sont éliminés. La maquette numérique nous permet aussi d’accepter des projets complexes que nous n’aurions pu faire avant d’en être équipé.

 

 

Unité de biomasse – Centre Bretagne – Charpente métallique

 

De la valeur ajoutée grâce à la technicité

 

Dans un secteur concurrentiel comme le bâtiment, si l’on ne veut pas entrer dans la guerre du moins-disant, il faut gagner en technicité pour avoir une réelle valeur ajoutée ».

 

Cette philosophie a visiblement fait ses preuves, la Sefra annonçant une envolée de son CA passé de 2,2 ME en 2011 à 3,7 ME l’an dernier, avec toujours la même équipe de 25 salariés.

 

L’entreprise ne souhaite pas grossir en taille mais plutôt continuer à monter en gamme et en expertise, tablant pour ce faire sur la compétence de son personnel et la qualité de son matériel.

 

Un sentiment de liberté

 

Thierry Dumery n’exprime aucun regret pour son ancienne vie de cadre. Pourtant, il gagne moins d’argent en tant que patron, et contrairement à ce qu’il avait imaginé avant de se lancer, il n’a pas vraiment le temps de prendre des vacances ou de faire la sieste quand l’envie lui en prend…

 

« J’ai découvert un secteur, le bâtiment, où l’on travaille énormément, sans se plaindre. J’aurais pu acheter une entreprise ailleurs qu’en Bretagne, mais je réalise aujourd’hui que c’est un des meilleurs endroits que je pouvais choisir. Il y a un dynamisme entrepreneurial dans la région que je ne soupçonnais pas, et les salariés sont engagés dans ce qu’ils font ».

 

Seul bémol, la difficulté à recruter pendant les pics d’activités du personnel formé sur certains métiers : soudeurs pointeurs, bardeurs, monteurs en charpente. « Malheureusement en France, on n’a pas valorisé ce type de formation », déplore le chef d’entreprise.

 

Même s’il passe ses samedis à faire des devis, Thierry Dumery s’avoue satisfait de sa vie de patron : « J’ai l’illusion de la liberté, commente-t-il. Auparavant, j’avais toujours travaillé dans de grandes entreprises, avec une angoisse du lendemain. Cela peut paraître curieux, mais je n’ai plus ces angoisses, j’ai le sentiment de mieux maîtriser mon avenir ».

 

 

Usine Agro-alimentaire – Loudéac – Escalier industriel

 

 

Maisons en acier : une tendance ?

 

Sefra réalise 40 % de son chiffre d’affaires avec l’activité charpente-ossature, 40 % avec l’activité couverture-bardage, et 20 % sur la serrurerie.

 

Elle possède un atelier de 1500 m2 où sont réalisés tous les équipements pour la charpente, l’ossature et la serrurerie.

 

Sa clientèle est essentiellement constituée de sociétés privées. Mais l’entreprise constate aussi l’émergence d’une demande pour des maisons en acier chez les particuliers. Elle va notamment réaliser une habitation haut de gamme de 160 m2 près de Roscoff, dont le budget s’élève à 2 M€.

 




Source : batirama.com / Corinne Cherigny

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