Un an après les inondations, la Côte d'Azur réfléchit à construire autrement

Un an après les inondations, la Côte d'Azur réfléchit à construire autrement

Le soir du 3 octobre 2015, des habitants de la Côte d'Azur ont vécu l'apocalypse. Des leçons ont été tirées mais la sururbanisation de la région reste un problème.




Très bref et très violent, cet "épisode méditerranéen", comme l'appellent les spécialistes météo, a ravagé une étroite bande côtière et battu des records de précipitations à Antibes et Cannes.

 

"Il est tombé en deux heures le tiers de ce qui tombe en une année à Nice. Pour autant, ce n'est pas exceptionnel en terme d'occurence : on pourrait encore avoir le même événement demain", rappelle Serge Castel, directeur départemental chargé de l'aménagement du territoire (DDTM).

 

Les victimes ont été piégées au sous-sol de leur immeuble, dans un camping d'Antibes, sous un tunnel ou au rez-de-chaussée d'une maison de retraite. Deux enquêtes au pénal pour homicide involontaire sont instruites au tribunal de Grasse où le parquet enquête aussi sur la mort d'une cinquantaine d'animaux au parc d'attraction marin Marineland.

 

Changer la façon de construire dans la région

 

Beaucoup d'efforts ont été entrepris depuis. Mise en cause, Météo-France a amélioré son modèle de prévision. Drastique, la préfecture a fait fermer cinq campings : le Marineland d'Antibes a du coup perdu un cinquième de sa clientèle cet été, quand il attire un demi-million de visiteurs.

 

Mais le plus dur reste à faire : sensibiliser les populations pour qu'elles n'aient pas le réflexe de foncer dans leur parking pour sauver leurs voitures, et surtout, cesser ou changer la façon de construire dans une région où le mètre carré vaut de l'or et où le BTP est un rouage essentiel de l'économie.

 

"Il va falloir réfléchir à construire différemment, avec moins d'imperméabilisation des sols, plus de densification pour occuper moins d'espace en zones inondables pour que (...) l'eau puisse passer sans faire de dégâts", expose M. Castel. "On a aujourd'hui une frange littorale totalement encombrée, avec la voie de train en plus, qui fait barrage à l'écoulement des eaux."

 

Révision du plan de prévision des risques d'inondation

 

"C'est vrai qu'il y a un besoin d'alerter les gens dès qu'il y a pluie ou tornade", reconnaît Monique Touzeau du collectif de protection de l'environnement Capre06. Mais il y a 50 ans, Biot et Mandelieu-La-Napoule, "c'était horticole, avec des plantations de roses, d'oeillets et de mimosas", regrette-t-elle.

 

D'ici mi-novembre, la préfecture doit donner le top départ de la révision du plan de prévision des risques inondation (PPRI). Un exercice long et délicat pour les élus et les propriétaires inquiets.

 

En principe, assure M. Castel, il n'y aura pas de démolitions, sauf pour les petits HLM du hameau de Carimaï qui abritaient 35 familles près de l'autoroute A8, et quelques rares habitations.

 

Zone rouge inconstructible à Biot et Antibes

 

A Biot et à Antibes, la pilule est amère avec une "zone rouge" inconstructible deux fois plus étendue qu'en 1998. Complètement détruite, la célèbre verrerie de Biot a pu rouvrir mais sa propriétaire Anne Lechaczynski est furieuse: "On nous classe en zone rouge et là, je dis non!"

 

Ce classement en zone inondable est dû aux eaux qui ruissellent depuis le haut du vallon. "Les eaux de ruissellement, ça veut dire qu'ils vont pouvoir continuer à construire en haut, et nous à être inondés. C'est irréel", dit-elle en réclamant la construction de bassins de rétention adaptés.

 

"Le 3 octobre, il y a eu énormément d'eau, mais les bassins et les vallons n'étaient pas nettoyés et personne n'était d'astreinte. Il n'y avait personne pour faire des petits lâchers d'eau et on n'a pas déclenché la cellule de crise en temps et en heure", fustige-t-elle.

 

Pour 19 communes, il reste aussi à créer un plan de sauvegarde, et pour 71 autres, à le mettre à jour. A l'échelle du département, il manque toujours un aménagement d'ensemble: un établissement public des gestion des risques inondations doit voir le jour, en janvier.




Source : batirama.com / AFP

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