Etanchéité à l’air : bien traiter les points singuliers

Etanchéité à l’air : bien traiter les points singuliers

En neuf, comme en réno, l’étanchéité à l’air devient une exigence standard. Les “points singuliers” demandent une attention particulière.




Toute l’Europe exprime la perméabilité à l’air par la notion n50 en volume/heure. Lorsque tous les orifices de ventilation sont colmatés, un ventilateur vient créer une différence de pression de 50 Pa entre l’intérieur et l’extérieur. On va alors mesurer le débit d’air nécessaire pour maintenir cet écart de pression.

 

Il représente la somme des fuites d’air parasites par les défauts de l’étanchéité à l’air du logement. Si un logement d’un volume de 300m3 requiert un volume d’air de 600m3/h pour maintenir l’écart de 50 Pa, alors l’indice n50 = 2. Il existe des machines pour mesurer directement cet indice sur chantier.

 

N50 et Q4pasurf

 

Les labels Passiv­haus en Allemagne et Minergie-P en Suisse exigent une valeur n50 ≤0,6 vol/h. La France utilise l’expression Q4paSurf en m3/(h.m²), ramenant le taux de fuite sous une différence de 4 Pa, à la surface des parois déperditives au sens de la RT.

 

Il n’existe aucun système permettant une mesure directe : on mesure un n50 qu’un calcul transforme ensuite en Q4paSurf. La RT2012 demande ainsi Q4paSurf ≤0,6m3/­(h.m²) en maison individuelle, ≤1m3/(h.m²) en logements collectifs. Dans existant, le label BBC-Effinergie Rénovation rend obligatoire une mesure de la perméabilité à l’air en fin de chantier et demande que la valeur obtenue soit inférieure ou égale à la valeur utilisée dans les calculs thermiques.

 

 

AVIS D'EXPERT

 

Nathalie Tchang,
Directrice du BE Tribu Energie

 

« Pas d’étanchéité à l’air sans ventilation »

 

Il ne sert à rien d’isoler beaucoup, si le bâti demeure une passoire à l’air. Mais l’amélioration de l’étanchéité à l’air du bâti implique en même temps que l’on vérifie la présence d’un système de ventilation qui garantit les débits de renouvellement d’air hygiéniques.

 

Dans les logements avec une perméabilité à l’air très réduite, il faut donc un commissionnement de l’installation de ventilation : une vérification des débits de ventilation sur chantier. En matière d’étanchéité à l’air, les entreprises ont accompli d’énormes progrès depuis 5 ans.

 

Nous rencontrions, auparavant, des perméabilités trop élevées, notamment avec l’ossature bois, plus délicate sur ce plan. Mais dans le cas de maçonneries traditionnelles, toutes les entreprises qui maîtrisent le DTU 20.1 s’en sortent parfaitement. En rénovation, la mission des entreprises porte souvent sur 2 lots : l’isolation et le changement de fenêtres.

 

Si des fuites parasites passent par les portes palières ou les gaines techniques, le ­résultat final espéré par le Maître d’Ouvrage n’est pas atteint, mais personne n’est missionné pour y remédier.

 

 

Solution 1 : Le manchon universel pour les traversées

 

 

©Ubbink

 

Une étanchéité à l’air performante s’obtient au moins autant durant la conception que sur le chantier.

 

Lors de la conception d’une maison individuelle ou d’un immeuble collectif, tous les points singuliers d’une étanchéité à l’air sont identifiables. Leur traitement doit être prévu et la responsabilité de chaque point singulier doit être clairement affectée à un lot précis.

 

Pour traiter l’étanchéité à l’air, il est plus simple de regrouper en un seul point les pénétrations de réseaux : électricité, eau, gaz, communications. Les évacuations gravitaires d’eaux usées doivent être conçues de manière à pouvoir établir facilement une étanchéité à l’air autour d’elles.

 

Si nécessaire, le bureau d’études chargé de l’étanchéité à l’air, en collaboration avec l’architecte, dessine pour les entreprises le traitement de chaque point singulier, fournit une description détaillée de tous les composants nécessaires et des séquences de mise en œuvre.

 

Etanchéité rapide

 

L’entreprise Cellier Sarl, par exemple, a utilisé le pare-vapeur Protec’Vap®, des bandes adhésives simple et double face et des manchons universels pour réaliser l’étanchéité à l’air d’un nouvel internat en Vendée.

 

Le manchon permet une étanchéité rapide et durable des éléments traversant le pare-vapeur – câbles, tubes ronds, gaines de ventilation, etc. – et existe en quatre modèles, couvrant des diamètres de traversées de 7 à 80 mm, de 15 à 110 mm, de 80 à 200 mm et de 200 à 400mm. Les manchons ont été utilisés à deux endroits différents : pour étancher la pénétration des gaines électriques à travers la maçonnerie de chaque pièce, pour étancher la traversée du pare-vapeur.

 

Intérêts :

le manchon universel limite le nombre de références à ­approvisionner et offre une solution efficace et pérenne pour ­l’étanchéité à l’air des traversées.

Limites :

pour les locaux soumis à des réglementation feu ­contraignantes, il faut des manchons de traversées spécifiques.

 

 

Solution 2 : Mise en œuvre d’un système en rénovation

 

 

©P.Poggi

 

On peut difficilement prévoir l’ensemble des points singuliers que l’on rencontrera en rénovation. Les fabricants proposent des systèmes d’étanchéité couvrant la plupart des cas concevables.

 

L’entreprise Adora Rénovation a réhabilité et transformé les combles d’un immeuble parisien pour créer plusieurs logements. Le chantier d’isolation et d’étanchéité à l’air a duré trois semaines. Le bâtiment haus­smannien avait subi déjà bien des modifications qui interdisaient de prévoir tous les points singuliers qui allaient être rencontrés.

 

L’entreprise a opté pour un système d’étanchéité à l’air conçu pour l’isolation et l’étanchéité à l’air des combles aménagés. L’entreprise a réalisé une isolation par l’intérieur à l’aide de laine Isoduo. L’étanchéité à l’air des parties principales a été obtenue grâce à une membrane souple Vario Xtra avec un Sd nominal de 25 m.

 

Les fabricants indiquent les domaines d’emploi de leurs membranes dans des Atec ou DTA. Utiliser une membrane souple crée une enveloppe étanche, élastique et déformable, insensible dans le temps aux mouvements ou fissurations.

 

Adhésif multifonction pour les points singuliers

 

Les lés de membranes ont été jointoyés à l’aide d’un adhésif de recouvrement. La liaison entre les membranes et les autres matériaux (plaques de plâtre, etc.) a été étanchée à l’aide de mastics spécifiques qui conservent leur souplesse dans le temps, sans retrait.

 

Pour le traitement des points singuliers, l’entreprise a retenu un adhésif multifonctions armé ­d’une trame déformable qui s’adapte aux angles rentrants, sortants et à l’entourage des conduits traversants de toutes natures.

 

La plupart des fabricants recommandent leurs adhésifs pour des températures ambiantes allant de 0 à 80 °C. S’ils sont traités anti-UV, ils peuvent être utilisés en intérieur, comme en extérieur. Pour le passage des gaines électriques, l’entreprise a utilisé des œillets dans différents diamètres.

 


Intérêts :

le fabricant garantit la cohérence des éléments du système entre-eux.

Limites :

le meilleur système ne peut pas tout prévoir.

 

 

Solution 3 : Les systèmes constructifs bois

 

 

©Gutex

 

Le document “Maison basse consommation, Guide de conception et de mise en œuvre” du CNDB (Comité national pour le développement du bois) traite de l’étanchéité à l’air des constructions bois.

 

Un bâtiment bois réalisé selon le DTU 31.2 se compose de poteaux, panneaux et vides de construction remplis d’isolation. Cette structure particulière appelle des solutions spécifiques pour l’étanchéité à l’air.

 

Les points sensibles présentant le plus de risques de défaut d’étanchéité sont les liaisons (mur/plancher, mur/mur, mur/toit, etc.), la liaison entre les menuiseries et les murs dans le cas des ouvrants, entre les menuiseries et le toit dans le cas des fenêtres de toit, les équipements électriques, les trappes et traversées de parois (cheminées, entrée et sortie VMC, etc.).

  1. : le Cndb recommande de réaliser une peau étanche à l’air et continue à l’aide d’un pare-vapeur affichant une valeur Sd ≥ 40 m pour un mur ventilé ;
  2. : le Cndb recommande d’anticiper la réalisation des traversées de parois. Elles doivent être réalisées en même temps que la construction de la paroi et étanchées au fur et à mesure à travers chaque matériau avec le moyen approprié à chacun : joint compressible pour la traversée de l’ossature bois rigide, mousses et joints appliqués pour l’isolation thermique, etc. ;
  3.  : les menuiseries extérieures sont responsables de 40%, en moyenne, des infiltrations d’air non-maîtrisées. Il faut donc tout d’abord retenir des bloc-baies certifiés. Ce qui garantit leur étanchéité à l’air. Ensuite, autour des menuiseries sont appliqués des joints compres­sibles, complétés sur les faces intérieures et extérieures par des joints appliqués de type silicone.

 

Intérêts :

les règles de l’Art portant sur un système constructif ­précis tiennent compte de ses particularités

Limites :

l’application de règles de l’Art n’est pas une fin en soi, le juge de paix est la mesure de la perméabilité en fin de chantier.

 

 


Source : batirama.com / Pascal Poggi

1 Commentaire
logo
- -
  • par Jean-Marc Robin
  • 17/09/2015 18:08:19

La fin de chantier est un objectif réaliste et raisonnable, qui évitera de devoir traiter dans le temps la bouche du client comme une singularité.

Laissez votre commentaire

Saisissez votre Pseudo (votre commentaire sera publié sous ce nom)

Saisissez votre email (une alerte sera envoyée à cette adresse pour vous avertir de la publication de votre commentaire)

Votre commentaire sera publié dans les plus brefs délais après validation par nos modérateurs.

Articles qui devraient vous intéresser

Pour aller plus loin ...

Newsletter
Produits


Votre avis compte
Êtes-vous favorable à la mise en place d'un certificat de conformité de performance énergétique pour les artisans non-certifiés RGE ? (248 votants)
 
Articles
Nouveautés Produits