Des gouttières havraises qui inondent

Des gouttières havraises qui inondent

Les occupants d’un logement sont régulièrement victimes d’infiltrations d’eau provenant de la couverture. Pourtant celle-ci n’est apparemment pas endommagée. Les dommages sont importants. D’où vient toute cette eau ?





L’immeuble abrite des appartements locatifs. Des logements en dupleix sont aménagés au dernier niveau, sous la couverture. Lors de fortes pluies, de l’eau apparaît systématiquement dans la cage d’escalier reliant les deux niveaux d’un des logements, au niveau du plancher intermédiaire. Les occupants doivent mettre des seaux pour tenter de recueillir l’eau qui ruisselle, et nettoyer à  la serpillière. Les papiers peints sont très endommagés. La situation est devenue insupportable et conflictuelle.


Les ouvrages réalisés


La charpente est en fermettes. La couverture réalisée comporte un écran sous toiture en film de polyéthylène, un contrelattage et des tuiles de béton à pureau plat. La pente est de 45°. En rive d’égout, l’écran sous toiture est raccordé dans les gouttières pendantes. Au droit de terrasses accessibles encastrées dans le volume de la couverture ce sont des gouttières havraises qui ont été mises en œuvre et non des gouttières pendantes.


Les investigations de l’expert


Dans un premier temps, l’examen visuel de la couverture ne révèle aucune anomalie pouvant générer les infiltrations observées. En effet, aucune tuile n’est cassée, déplacée ou manquante. L’écran sous toiture ­assure, en principe, une protection contre les infiltrations accidentelles de pluie bien que ce ne soit pas sa fonction. Dans un deuxième temps des mises en eau et des sondages sont réalisés en toiture terrasse accessible pour vérifier si elle est en cause. Effectivement, la terrasse est fuyarde. Son isolant thermique étant saturé d’eau, la terrasse fait l’objet d’une réfection de tout son complexe d’étanchéité. Malgré cela les infiltrations perdurent ! Dans un troisième temps des essais d’arrosage sont effectués sur la couverture. L’infiltration se produit. En définitive, les tuiles de la zone suspecte sont déposées.


Le diagnostic


Comme cela est souvent le cas, plusieurs anomalies contribuent à générer les infiltrations.
1/ Les gouttières havraises, d’environ 3 m de longueur, ne comportent pas de descentes EP. L’eau ­s’évacue par les extrémités, dépourvues de talon. Lorsque les pluies sont importantes le flux d’eau est violement projeté sous les tuiles voisines de ces extrémités.
2/ Aucun renvoi d’eau n’a été réalisé pour briser ou orienter le flux de l’eau en sortie des gouttières.
3/ La zinguerie en rive rampante ne comporte qu’un simple pli latéral qui ne suffit pas pour canaliser l’eau.
4/ L’écran sous toiture présente d’importantes discontinuités qui laissent passer l’eau à l’intérieur de l’immeuble.


Fondation Excellence SMA

 

Responsabilité

 

La responsabilité du couvreur est directement engagée puisqu’en sa qualité d’homme de l’Art il lui appartenait d’étudier et de réaliser tous les points singuliers de la couverture. L’architecte, à qui le dossier d’exécution a normalement été soumis par le couvreur, aurait dû détecter l’anomalie en phase d’étude d’exécution. De même que le contrô­leur technique. En cours de chantier aussi les multiples erreurs commises aurait dû être relevées.

 

Que fallait-il faire ?

 

Pour éviter que ce désordre ne se produise, il fallait munir les gouttières havraises de talons aux extrémités et de descentes correctement dimensionnées. À défaut, il fallait disposer un renvoi d’eau pour orienter le flux d’eau dans le sens de la pente sans qu’il puisse s’engouffrer sous les tuiles. Aucun DTU ne précise ce type de détail mais cela

relève des principes de bon sens des travaux de couverture : le trajet de l’eau doit être maîtrisé. Accessoirement il fallait que l’écran sous toiture, dont la seule fonction est la protection contre la neige poudreuse, soit posé avec une parfaite continuité sur la totalité de l’ouvrage. Sinon cet écran est inefficace et ne peut pas remplir sa fonction.

 

Réparations

 

Comment réparer ? On peut soit ajouter des descentes d’EP et des talons aux extrémités des gouttières, soit ajouter un renvoi d’eau pour diriger dans le sens de la pente le flux d’eau sortant des gouttières. Parallèlement, il est prudent de rétablir la parfaite continuité de l’écran sous toiture.

relève des principes de bon sens des travaux de couverture : le trajet de l’eau doit être maîtrisé. Accessoirement il fallait que l’écran sous toiture, dont la seule fonction est la protection contre la neige poudreuse, soit posé avec une parfaite continuité sur la totalité de l’ouvrage. Sinon cet écran est inefficace et ne peut pas remplir sa fonction.

 

Conseil de prévention

 

D’une manière générale, il ne faut jamais perdre de vue pourquoi on fait tel ou tel élément d’ouvrage. Une gouttière est destinée à recueillir des eaux pluviales et à les conduire vers des descentes EP. On se réfèrera au DTU 40.5 (NF P 36-201) Travaux d’évacuation des eaux pluviales ; au DTU 60.11 (NF P 40-202) Règles de Calcul des Installations de plomberie sanitaire et des Installations d’évacuation des eaux pluviales ; au CPT de mise en œuvre Écrans souples de sous-toiture faisant l’objet d’un AT (cahier CSTB n° 3356).

 

 


 













 

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